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DE L’AUTEL DE PLEIN AIR
AU TEMPLE MONUMENTAL


* * * * * * * * *

1ère partie : L’AUTEL


          Nous avons vu dans l’article traitant de l’Astrologie* 2 nordique en quoi le Németon et son enclos sacré, consacrés à l’observation des astres et principalement à la détermination de la position du soleil, différait d’un temple oriental mais nous n’avons pas précisé qu’il contenait un autel de sacrifice aux dieux pour les remercier d’avoir reconstitué la terre dévastée au XIIIème siècle (cf. Déluge*) et, en particulier, de leurs annuels bienfaits (“actions de Grâces”).


Étymologie : le mot autel viendrait du latin altare “haut” par influence du francique Hoh – allemand Hoch – de l’indo-européen *al, idée de hauteur (le germanique alt, et l’anglais old signifient vieux, les ancêtres sont honorés, ce sont de “hauts” personnages… et pour cela on dit : “Votre Altesse”). Cependant pour les Romains le nom de l’autel est ara (!), et plus particulièrement l’autel du ciel est un araceli.
           En grec tardif, le mot à racine
indo-européenne* RD (“rite*”) à été remplacé par aram, de arma qui signifie “articulation de l’épaule” – comme en anglais et en allemand Arm mais aussi “organisation, ordre” (on retrouve là, l’art de désarticuler l’animal sacrifié, c’est à dire l’abattage rituel opéré par le sacrificateur magéiros (cf. art. Magie*) sur l’autel de pierre à cupule*, qui est devenu pour cela un… aram.

          
Parlant de cet aram, on peut se demander – au passage – si les Araméens de Syrie Mésopotamie, n’étaient pas à l’origine une tribu nomade Hourite ou Hittite ou pré celtique si ce n’est Éburonne, caractérisée par un sacerdoce envahissant, pour laquelle l’autel/ aram portatif – donc les sacrifices propitiatoires rendus à chaque nouvelle installation – tenait la place cultuelle la plus importante. Cet autel portatif aurait alors donné l’Arche d’Alliance. Leur langue, l’araméen3 de la famille “sémitique”, montre qu’ils ont été très fortement métissés ce qui, dans ce carrefour de trois continents et des trois cultures, égyptienne - mésopotamienne - éburonne, ne saurait surprendre quiconque.

          Remarquons qu’en védique, l’autel se dit… vedi, et que
le mot sanscrit Veda signifie “je sais”, d’où les Védas : “livre de la connaissance”…


Préhistoire : On vient de dé-couvrir en Janvier 1995 à Pont-d’Arc en Vivarais (F–07), dans une grotte magnifiquement peinte, une roc en forme d’autel sur lequel trône un crâne d’ourse, probablement Artio, “la vieille”, l’aïeule des Néandertaliens, bien avant Cernunnos* le dieu mâle des Cro Magnons et, puisque cette Ourse Mère est omniprésente à Tautavel en Roussillon dès 400.000 AEC, on peut penser que ce concept de totem et de lignée symbolique, c’est à dire de clan*, remonte à très loin dans le sud de la France et le Nord de l’Espagne, aux confins d’une ancienne et terrible glaciation (cf. art. Origine* Polaire)…


Chez les Mégalithiques : l’autel est simplement un rocher à cupule* servant de table sacrificielle mais aussi d’observatoire ! C’est la table du dolmen qui servit aux visées héliaques solsticiales avant d’accueillir les restes vénérés du Grand Sage/ Astrologue tribal (cf. Newgrange in art. Astrologie* nordique)…


Après le Grand Raz de Marée qui a ravagé l’Atlantique Nord au XIIIe s., l’autel est le “foyer” domestique où l’on honore les Dieux* et Daimons par un feu permanent – cependant rituellement renouvelé chaque année lors de la cérémonie du “feu* nouveau”, cf. § Vestales) et des offrandes prémices, les mânes* des ancêtres noyés.
          Mais, sur un plan communautaire*, c’est la dalle en argile, rapidement devenue terre cuite décorée, qui recouvre la fosse rituelle favissa contenant les offrandes à la Terre-Mère pour l’in-auguratio. Elle cache donc le Mundus, mais peut s’ouvrir au cris rituel de “mundus patet” à la Neu Helle/ Épiphania ou à la Samhain (cf. art. Fêtes*).
          On sait en effet, d’après les fouilles faites dans ces fosses soigneusement cuvelées, ainsi que par les textes des Anciens, que des offrandes de carcasses et d’entrailles serpentines étaient faites à la Déesse Mère*, ou au dieu chthonien4, souvent représentés par le serpent Dragon*. Si ces sacrifices avaient pour objet d’obtenir la pluie, avec les danses* accompagnées du bruit des rhombes et des éclairs figurés par les torches tournoyantes, et si Thor* était bienveillant comme c’est si souvent le cas lors des feux de la Saint-Jean/ Solstice d’été, alors survient un orage accompagné d’abas subits de pluie bienfaisante : remarquons que les Grecs aussi ont un mot abas5 qui, bizarrement, signifie… lézard, comme la forme des entrailles offertes à la terre pour obtenir… la pluie ! Mais, ce n’est pas précisément de la Carna qu’on lui offre : cela la symbolise* car la bonne viande sert aux festins des hommes, véritable communion avec les dieux de la fécondité et c’est de là que vient le dicton :



Par ailleurs Homère, dans l’Hymne à Aphrodite, nous dit à son sujet :





          Ces fosses, les Égéens les appelaient bothroï et les Latins penus d'où vient leur mot pénates6 qui sert à parler des ancêtres du clan* retournés à la Terre Mère ou dont les cendres étaient mélangées à celles du foyer. Ces fosses, qui étaient recouvertes de la dalle du foyer, ne pouvaient donc être abandonnées et elles devinrent rapidement trop petites. Ainsi l'habitation fut reconstruite plusieurs fois sur des niveaux successifs, ce qui finit par faire, avec les débris domestiques, de véritables collines cinéraires nommées kjokkenmœdings au Danemark et toumbès en Macédoine. L'autel de Zeus à Olympie n'est rien d'autre qu'une de ces collines, contenue par un parement de briques (Amable Audin, Les Fêtes Solaires, Puf).

          Mais d'autres habitudes funéraires consistaient à continuer d'enterrer les ancêtres dans la grotte7 sanctuaire, tout au moins leurs restes décharnés. De là viennent les mégarons artificiels et les tumulus du genre de Newgrange* et probablement aussi une parti des pyramides (cf.petit supplément, infra) nonobstant son “utilité” astrologique-solaire amplement démontrée.
          L'habitude de venir y consulter les Lares, les mânes* des (<– “bons”) ancêtres, d'y solliciter leurs avis, est à l'origine des grottes oraculaires telles l'Averne de la Sibylle, Delphes et sa Pythonisse, Trophonios, Claris et Gergis en Ionie, ainsi que celle de notre Vierge Noire* du Puy en Velay – entre 250 autres – et de cette “évocation des morts” qui allait être critiquée par les Ases sous le nom de Seidhr (ainsi que par les prophètes8 réformateurs de la Torah/ Ancien Testament !)



Monnaie gauloise, M. A. N.


          Ultérieurement, on mit des médailles symboliques dans les fosses sacrées*, précieuses comme cette monnaie* (munnus <–› mundus ?) où l’on voit le cheval solaire Apollon*-Bayard surmonté d’un rayon contenant l’astre du jour et le symbole* “irminsul*”, et chevauchant la caractéristique fenêtre de visée solsticiale dans laquelle on voit le gnomon (à boule? cf. Astrologie* nordique).





Chez les Grecs
 :
l’autel se trouve devant le temple* qui, plus qu’une salle de réunion, est “la maison du dieu” et qui, plus tard, recouvre l’autel pour faire face aux aléas du climat et abriter les membres du clan* ou de la tribu.





          Dans chaque demeure, on rendait des cultes quotidiens sur l’autel domestique, le “laraire”. Mais dans les temples, c’est plus tardivement que l’autel prit l’apparence d’un tombeau ou sépulcre, sous l’influence des religions à mystères. Et si ces religions se sont développées, c’est qu’elles plaisaient aux esclaves, elles leur rappelaient leur contrée d’origine. L’Église* qui s’est surtout développée chez eux, ne devait pas manquer de conserver cette forme, exactement pour la même raison !
          Ainsi, d'autel en oracle, et de temple en vestales, nous aurons retricotté des données communes que seuls, des noms et un esprit de système excessif tendent à séparer.



Autel gallo-romain, aux “oreilles9 ”, de Cybèle
Glanum en Provence


Chez les Gaulois : l’autel ou table sacrificielle est toujours construit en plein air, au centre du “németon” ou clairière sacrée (du Gaulois Nemed 10 “sacré”*) où se réunit l’assemblée. Cet autel à une particularité, je dirais presque une supériorité sur l’autel romain : il est surmonté d’une double colonnade (Atlas/ Hercule) formant une sorte de fenêtre de visée, un portique, et il est orienté de telle sorte qu’à l’aurore* de Lugnasad (le 1er août11), le soleil apparaisse entre les colonnes. Comme on le voit, date mise à part, le rayon de soleil solsticial de Chartres ou celui de Vézelay, entre autres, remonte à bien oin !





Les sacrifices d’animaux : « Il devait y avoir une relation entre l’espèce de l’animal sacrifié et le dieu auquel le sacrifice était adressé. C’est ainsi que les boucs sont les animaux de Thor, que le bélier est consacré à Heimdallr, le sanglier à Freyr, le taureau peut-être à Tyr12 et le cheval à Odhin, la consommation de viande de cheval ayant un caractère religieux particulier (cela ressort déjà du fait qu’après la christianisation la consommation de viande de cheval fut interdite, mais put se maintenir encore un certain temps en Islande en raison d’une mesure d’exception). » Rudolf Simek, Dictionnaire de la mythologie germano-scandinave, Porte-Glaive, 1996.

          « Héraklès invoque les morts suivant la même méthode qu’Ulysse* et Énée : en égorgeant un animal de couleur noire et en laissant le sang couler dans une fosse creusée dans le sol. De tels rituels chthoniens se déroulaient dans les sanctuaires celtiques de Ribemont sur Ancre et d’Arcy-sur-Cure, comme dans les temples grecs, romains ou indous. » Belenertos, Héraklès, revue Message n° 50, 2ème trim. 99.


L’autel circulaire de Marmaria du Musée de Delphes.
On remarquera les desservantes accrochant des rubans à la couronne printanière.



Màj 10 déc. 03 : « Le cerf est habituellement le principal animal de sacrifice, mais le cheval, en tant que victime la plus désirée et la plus précieuse, fut caractéristique de l’ancienne pratique religieuse des tribus aryennes dans lesquelles une préférence fut donnée aux chevaux blancs. » Bongard-Levin et Grantovskij, De la Scythie à l’Inde, Énigmes de l’histoire des anciens Indiens, IEI/ Université de la Sorbonne Nouvelle, 1981.


Chez les Ébros/ Hébreux : La condamnation du sacrifice par les prophètes du Judaïsme n’eut pas seulement pour effet son intériorisation – le sacrifice du pasteur et non plus de son troupeau. Il faut ici saisir le sens véritable du sacrifice, qui n’est pas un acte “primitif”, “barbare” ou “arriéré”, ni une offrande craintive à un Dieu dont on attend en retour une miséricorde. Georges Bataille soulignait, en marge de sa théorie de la religion* : « La destruction de l’animal est en fait, dans les rites* des primitifs, un moment crucial, un moment auquel aucun autre ne peut être comparé. C’est par la destruction de l’animal que le monde profane, le monde de la transcendance, le monde inaccessible, est supprimé et dès que ce monde qui crée des limites au premier homme actif est supprimé, par cette suppression, se trouve introduit le monde de l’immanence, c’est à dire de la violence, de l’immédiateté. À la destruction de l’animal est liée la fête*. » (Schéma d’une histoire des religions, in Œuvre complètes).



    13
« Une institution qui se donne une architecture,
matérialise dans l’espace le système symbolique qui lui est propre. »
Francis Schmidt


2 partie : LE TEMPLE 
1ère section




Étymologie : le mot temple vient du latin templum qui signifie "espace", templum caeleste : "espace céleste", du latin temno “je retranche, je dédaigne” (et a donné ‘Temps”) par le grec temno “je coupe”.
          Son équivalent grec en est téménos14 “partie du ciel à observer”, et aussi le gaulois németon15, la clairière qui est le lieu où se trouve le tertre sacré et l’appareil d’observation, deux gnomons et une colonne à boule, ou une fenêtre de visée sous dolmen et des couloirs, ou encore des lais/ leys forestiaires (cf. art. Astrologie* nord.).

          Le temple, “espace sacré*”, est par sa symbolique* un “centre du monde”. La présence de l’œuf cosmique Omphalos* avec sa résille (cf. § “réticulé” in art. Symboles*) ne nous surprend donc pas (cf. aussi art. Bétyle*).

          Dans d’autres temples, ce centre des rayons héxa ou octogonaux (cf. § Muhlespiele in art. Astrologie* nordique, ou § Escarboucle in Blasons*) est le baptistère ou l’autel/ tombeau des “martyrs dans les églises chrétiennes, alors qu’il est toujours à l’extérieur des temples
païens*.




À l'époque primitive : les cérémonies rituelles se déroulaient en plein air, sur l'aire sacrée, celle qui servait au battage des céréales au fléau, puis sur une plateforme recouverte de dalles posées dans l'enceinte sacrée* : le Pomœrium.

          Ainsi, le temple chez les Indo-Européens*, mais aussi en Égypte et en Asie Mineure16, était un espace réservé à l'observation, à l'apparition – épiphania, en grec – des phénomènes célestes, lever du soleil aux solstices et aux équinoxes, ce qui est selon toute vraisemblance la cause des trois cellae des temples étrusques (cf. infra # b).

          Devant le temple, à l'Est, le “clos sacré” d’une cinquantaine de mètres délimité par des pieux (Pal) de bois ou/ et un ruban ou bandelette (le Vébond nordique), est infranchissable : il contient l'autel de plein air et sert à l'observation des constellations mensuelles (lat. monstrat), du lever héliaque de certaines étoiles indiquant les grands rites* festifs du clan*, ou les crues prévisibles – puisque périodiques – du Pô (ou du Nil), et aussi de la venue des météores qui abrégeront la Tenure royale prévue à l’origine pour 99 lunes. Ce “jardin clos” comprenait le bosquet sacré originel et un portique17 monumental s'ouvrait sur cette esplanade-forum : c’est cette allée qui est devenu le “mail” de certaines églises et de nombreux châteaux.


Scène de sacrifice, vase attique, M. Louvre.


          C’est un espace sacré, un németon ou “clairière” en plein air au sens le plus panthéiste, ce qui était le cas des Grecs anciens, ainsi que de leurs autres cousins, Celtes* et Germains* chez qui cet « hörgr réceptacle du Önd ou “Esprit de la terre” est décrit soit comme une hutte temporaire18 érigée pour une cérémonie spécifique, soit comme une tente, un tabernacle ou un pavillon permanent. Finalement (à l’époque Viking) il existait deux type de bâtiments sacrés : le hof qui était une halle de ferme ordinaire où des fêtes* sacrées comme Jul* étaient célébrées, et le ealh, le temple païen à grande échelle. » Nigel Pennick, Magie du Nord, Pardès 1996.

          « Comme les pyramides, les tumuli funéraires de la civilisation nordique, tombes de prêtres-rois d’ailleurs, sont voués au culte du ciel, au culte d’Odhin (Éliade, Dumézil). Certes, on peut introduire des nuances et distinguer soigneusement, par exemple, les autels* élevés : tertre, monticule, cairn, obélisque qui supportent un feu allumé
ou un phare, des pierres plates frottées de sang, les premiers étant voués aux divinités ouraniennes, les secondes aux divinités terrestres. » Gilbert Durand, Structures anthropologiques de l’Imaginaire, Dunod l988.

          Il y a donc diverses conceptions du lieu de culte :

– 1/ celle d'un lieu privé privilégié où l'on honore les ancêtres du genos, les mânes* ou “bons” Lares, et cela va du foyer domestique à la pyramide, en passant par la grotte Mégaron, avec leur autel pour le sacrifice aux ancêtres, les Manes, car il est dit à de nombreuses reprises que les Grecs n'avaient pas de temple…



Le Temple Solaire de Goseck près de Halle, vieux de 7.000 ans :
3.000 ans avant Stonehenge !



Mise à jour du 10 déc. 03 : Voulez-vous lire maintenant un article vu dans la revue Huginn & Muninn déc. 03 : Le temple, matrice de tout l’Âge de Pierre ? Cliquez sur :

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– 2/ celle d'un lieu de haute élévation, où l'on célèbre des rites* festifs publics, hautement enthousiasmants (en théio) et fortement pédagogiques, et cela va du temple de plein air tel Stonehenge° (cf. art. Astronomie*), au rustique Ballon° d'Alsace, probablement tous avec un autel, pierre à cupule* et l’immanquable siège du "crieur du Temps", et au Parthénon19 qui, s’il est la Chambre d’Athéna la Vierge (ou des Dieux*) est, en fait, une salle publique de rencontres, l’autel* étant, dans ce cas, pro-fane c’est à dire en plein air : devant le temple fanum.

- 3/ Un modèle mixte, mi-observatoire, mi-lieu d'initiation* auprès du vieil ancêtre, est représenté par le Sidh*-tumulus de Newgrange
nettement plus tardif (cf. Un rite* d’initiation dans l’article Astrologie* nordique # 5). Un autel, pierre à cupule* étant donc probablement à l'extérieur pour le “sacrifice-festin”, rituel et public.


          Ceci nous amène à remarquer que refuser le statut de temple aux uns pour l'accorder aux autres, comme le font certains auteurs, ne peut être basé que sur l’aspect extérieur de l'exercice d’un culte public. Chez certains autres, la restriction s'applique aussi aux lieux de culte en plein air : le temple est donc – pour eux – un "édifice consacré au culte d'une divinité", alors que selon son étymologie* il est avant tout un lieu de détermination du cycle solaire en son parcours astral et par conséquent un lieu d’action de grâces… éminemment public donc extérieur !



Maj 25 nov. 03 : « Le Blé de Ia Sainte-Barbe est une fete que tout bon païen se doit de pratiquer. II est important, nous ne cessons de le rappeler, de maintenir ces fêtes traditionnelles qui nous viennent de la plus haute antiquité. Les chrétiens qui ont maintenu le blé de la Sainte-Barbe en ont perdu le sens, il n’est pour eux qu’un simple élément décoratif qu’ils nomment d’ailleurs le "blé de la crèche”.
          « C’est en Provence que cette coutume s’est conservée, le 4 décembre, jour de la Sainte-Barbe. Dans Ia plupart des maisons on met dans des coupes du coton humide où l’on fera germer du blé ou des lentilles. Cette tradition qui a su se maintenir iongtemps hors du cadre de l’Église*, montre s’il en était besoin l’attachement que nos ancêtres montraient à leurs croyances païennes.
          « La vue des épis moissonnés était le grand, le merveilleux, le plus parfait mystère de I'an ainsi que le dit 1‘auteur des Philosophoumèna. Elle couronnait le spectacle de la veillée mystique de Déméter et de sa fille. Sur le vase de Ruvo, dont nous reproduisons une partie, les épis sont placés sous une sorte d’édicule, et des initiés*
(mystes)n des deux sexes viennent y apporter des offrandes diverses. »


Il est intéressant de remarquer
comment le concept évolue :


Europe archaïque (Magdalénien) : tout d’abord, une grotte naturelle et un rocher à cupules recevant les mânes* de l’ancêtre fondateur. Se déroulent en ce lieu les sacrifices propitiatoires à la Déesse Terre et les rites* d’initiation*.


Pour les Carthaginois, le tofet était aussi “l’enceinte sacrée” – nous pourrions parler de “temple” de plein air – située la plupart du temps sur une colline…


   


Europe mégalithique
(4000/ 3500 AEC) : la grotte devient artificielle, c’est un dolmen avec allées couvertes de pierres plates construites en encorbellement comme les bories° provençales ou périgourdines, ou encore les nourraghes* sardes (et les igloos). Ouverts à l’époque astrologique* pour les visées solsticiales, ils seront surmontés d’un tumulus après la mort du vieux Chef-Druide. L’ancêtre fondateur y est alors “conservé” et participe “en esprit” aux initiations (cf. § Newgrange bis, art. astrologie* nordique). Lors des fêtes*, des sacrifices/ festins d’actions de grâce se font en public à l’extérieur.
          Le tertre ou tumulus a une entrée qui se trouve à l’Est, l’Aurore étant promesse de résurrection de la nature : c’est de là que surgit chaque jour le soleil matinal tel le nouveau Dieu-Fils annuel ! Une spécialisation des Sidhs/ tumuli peut se faire : l’un vise le lever héliaque au solstice d’été, l’autre à l’équinoxe et le troisième au solstice d’hiver.

          En Corse et en Sardaigne, peuplées depuis 7000 AEC, les premiers menhirs datent de 3300. Vers 1800, les Nouraghi (Å Borie*) recouvrent le puits de l’ancêtre fondateur. Ce sont les Torres ou temples du feu, sur et dans un imposant tertre-fortification appareillé de pierres taillées où ils sont entourés de chambres cultuelles, voire de… silos communautaires*. Remarquons en passant que ces ”Torréens” possédaient aussi la cuirasse à côte des “Peuples de la Mer et du Nord” confédérés, ceux-là mêmes qui attaquèrent l’Égypte après leur exode de Nord submergé (XIIIème s. AEC)…


Temple tombe à coupole, Pylos

– Âge du Bronze : le Temple en Rond. À l’origine, le temple était circulaire comme l’enclos de l’oppidum et les cromlech d’observation solaire (cf. supra : Goseck 5000 AEC), et/ ou comme la grande salle des initiations* dans la caverne; ou encore la salle capitulaire du Sidh de Newgrange20 ; comme les labyrinthes-Trojaburg ; comme la Tholos d’Atrée sur sa crypte – qui reprend le mythe de la caverne – entourée de 3 murailles sous la citadelle de Mycènes ; comme la Basileïa d’Atlantis, dorée avec le “Glas” fondu (cf. art. Ambre*), le temple par excellence des Aétéens dont nous retrouvons la consonance dans le mot grec aedes “demeure religieuse”.

La Tholos ”voûte, coupole”. La tholos est couverte par un toit en "tas de charge", c’est à dire en encorbellement, comme les bories*/ nourraghes, mais nous avons vu à l’article Astrologie* nordique que cette coupole “tuilée” pouvait être posée sur un péristyle circulaire. Le latin thaulus signifie “voûte” et l’occitan théoule “tuile”. Ne peut-on leur rapprocher Thulée, et aussi Thalia (Salia) qui était resté le nom d’une des Grâces21, la Muse de la comédie, une des neuf filles de Nérée/ Poséidon le Roi de la Thalassocratie… hyperboréenne* (cf. art. Salasses*/ Thalassa) ?

          Si la tholos de Thulée est ultérieurement devenue tombe ce serait, après la Grande Submersion de l’Atlantide* boréenne, symboliquement et, surtout, rituellement. Devenue alors le tymbos grec – si nos suppositions sont exactes – c’est la fosse cultuelle ou puit sacré du Temple que les Romains nommaient favissa.

Les temples en rond : on construisait encore des temples ronds † en 850 EC, par exemple à Fulda (St Michel). Un autre exemple est la Tour des Cloches22 de St Apollinare de Ravenne. Tout comme la crypte carolingienne à rotonde de l’abbaye Sainte Benigne à Dijon, avec sa triple enceinte de colonnades.
          On connaît, de même, deux tours avec galerie d’arcades qui ont l’air sans objet mais devaient “garder le feu* sacré” : une en Armorique, le temple de Lanleff (qui aurait été construite par les Templiers*), l’autre en Amérique du Nord, à Newport, probablement construite par les Vikings au XIème siècle, ou par Brandan au troisième siècle et… toujours debout ! (d’après Louis Kervran, La vraie découverte de l’Amérique par les Européens, Laffont, 1978.) Ainsi que « Le temple (celtique) de Mercure au sommet du Puy de Dôme, la tour de Vésonne à Périgueux (et la tholos classique dédiée à Vénus, à Port-Vendre)n.
           Ces sanctuaires, ainsi qu’un certain nombre d’autres, se caractérisent par le fait que la cella, partie intérieure du temple, est de forme circulaire et non rectangulaire comme dans les monuments antiques, et entourée de portiques ou d’un déambulatoire. Cette disposition permettait des processions circulaires autour de la divinité. » J.A. Mauduit, L’Épopée des Celtes. Laffont, 1973, (cf. aussi notre art. Astrologie* nordique).

          Autour de la cella qui, contenant le pal "pilier sacré", le cône-bétyle* ou l'obélisque, et plus tard une image/ eidolôn du dieu, était un déambulatoire abrité mais ouvert sur une colonnade (tholos). La circumambulation se faisait à dextre – le sens du trajet solaire et du Temps qui fuit – ainsi la partie droite du corps restait en contact avec la demeure divine. Remarquons ici que les cloîtres ont conservé ce déambulatoire mais sont inversés : le clos sacré, l'hortus conclusus, est à l'intérieur et il était un jardin d'herbes aromatiques et médicinales entourant le puit, axe de la construction.

          Par contre, le bassin des ablutions – source d'eau minérale, souvent thermale23 – étant habituellement couvert, était dedans le temple dont il est probablement l'origine, à l'instar de la grotte Mégare ou de celles de nos Vierges Noires* : une confirmation en est la découverte récente d’un “temple” romain archaïque – dit “l’ancien baptistère” – entre l’église cruci-circulaire Santa Fosca (infra) et la tour campanile de l’île Vénitienne de Torcello.
          Circulaire, cette ruine présente un dégradé descendant de briques qui induit la présence d’un archaïque puits artésien : la présence de cette eau pure dans un marais malsain était évidemment de nature à sacraliser le lieu ! Comment, dès lors, s’étonner d’une Vierge Noire* (<– cf. art.) distributrice de Vie en cette île ?

          Ainsi le temple était un concilabulum et un lieu de pèlerinage, auprès d'eaux guérisseuses lorsqu'une "font" sacrée y sourdait sous la protection du couple Borvo, l’eau bouillonnante, et Damona24 la déesse des sources et des eaux thermales…





          Cette forme est certainement en rapport avec cette ancestrale caverne-tholos des Ardennes où avaient lieu des déambulations dans les diverticules, aux fins d’initiation progressive, pour finir dans la grande salle capitulaire de la Déesse Mère*/ source ou Vierge-Noire* ce qu’on retrouve au Puy-en-Velay (cf. aussi l’art. Paganisme*).


1ère émission le 4 avr. 02, 4ème mise à jour le 02 oct. 04


          


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