DE L’AUTEL DE PLEIN AIR
AU TEMPLE MONUMENTAL


* * * * * * * * *

2de partie : LE TEMPLE suite, # 2


          Mais si les églises† en rond conservèrent leur sens astronomique, il devint cependant de plus en plus ésotérique, alors même que leur caractère sacré* les protégeront encore longtemps de toutes tranformations qui les rendront aussi in-signifiantes (de notre point de vue culturel traditionnel) que la cathédrale d’Évry qui, elle, n’est plus signifiante que pour les Maçons* (à une époque où les évêques le sont devenus, rien d’étonnant à cela…)


(Les Dossiers d’Archéologie, n° 255, Rome 2)

« Georges Dumézil constate en effet une double opposition entre le sanctuaire de Vesta, “la demeure ronde de Vesta” (Ouesta)n, et les autres temples romains : tandis que ceux-ci sont en règle générale carrés ou rectangulaires, ce qui correspond à l’inauguratio, celui-là est rond : il n’a pas été “inauguré” et sa forme se prête d’ailleurs mal à cette opération, qui comporte une mise en symétrie avec les différentes régions du ciel ; d’autre part, on parle dans le premier cas de templum, “temple”, dans l’autre d’aedes, “demeure religieuse”, “maison sacrée”. » Aedes rotunda Vestae, in Rituels Indo-Européens à Rome, cité par J.-Cl. Rivière in G. Dumézil - A la Découverte des Indo-Européens, Copernic 79.


Égypte : « À l'époque thinite une simple hutte de branchages tenait lieu de temple : elle était entourée d'une palissade entourant le lieu saint, et la porte était précédée de deux enseignes figurant le signe "neter" (cf. art. Blason*)n qui désigne le dieu soleil sous la forme d'un faucon. Que ces enseignes soient les héritières des menhirs-index, il y en a apparence, car la tradition était de les orienter au soleil levant de manière que, de l'autel ou de la pierre sacrée, le prêtre adorait à l'aube le soleil émergeant de l'horizon (“Co-Ca”)n. Toute la notion égyptienne du temple dérive de ce geste primitif, et l'on sait que, à l'époque des grands pharaons, les temples devaient être édifiés de telle façon que le lever solaire avait lieu entre les deux pylônes d'entrée (…)
Plus tard « les obélisques (une sorte de gnomon qui précédaient le naos), ou plutôt les pyramidions les terminant, étaient décorés de L'Embla du soleil levant : un disque flanqué d'ailes et portant queue à l'image du dieu lumineux. » Amable Audin, Les fêtes solaires, PUF 1945.
          L’Égypte ne faisant pas – théoriquement – partie de l’indo-européanité, nous n’irons pas plus loin, quoique des compléments figurent en fin de cet article…


  
<– Temple des Néréides, Xanthos, 400 AEC.


Grèce archaïque :
Selon Robert Graves (Les Mythes Grecs, Fayard Pluriel, 1967.) « Il n’y avait pas de temple en Crête ou dans la Grèce Mycénienne mais seulement des autels domestiques et des cavernes oraculaires. »
          En Crète et à Mycènes, le Mégaron1/ grotte se transforme en “puit funéraire” pour accueillir les ancêtres du genos, avec complexe d’allées et d’escaliers, origine du dédale dit faussement “labyrinthe”*. Il servent seulement à des rites familiaux ou claniques. De ce fait, les sacrifices propitiatoires – Tuer le Minotaure (probablement post-cataclysmique, cf. § Théra in art Déluges*) – y ont lieu.


Grèce classique : crypte ou dédale rappelant la grotte ancestrale, surmontée d’une coupole2 étoilée sur de fins piliers : c’est la tholos tuilée, souvenir dorien du Torre d’Atlantis/ Basiléia qui vit – pensons-nous – la mise au point d’une cosmogonie parfaite et sa célébration dans la Hiérogamie* et les fêtes* de l’Arbre du Monde/ Arbre de Mai (cf. aussi notre art. romancé Ulysse* et Nausicaa, T. III) !

          « Le type de sanctuaire qui apparaît en Grèce à la fin des siècles obscurs diffère de ceux qui l’ont précédé par trois institutions caractéristiques : l’autel en plein air (situé devant le temple)n destiné aux sacrifices consumés par le feu ; le temple ; la statue de culte installée à l’intérieur (le temple grec est la demeure du dieu, non le lieu où une communauté se réunit pour célébrer un culte). Le plus ancien sanctuaire de ce type est l’
Héraion de Samos (…)
          Et, toujours selon le Dictionnaire de l’Antiquité “Oxford” « Il faut peut-être attribuer à des influences proches orientales (hittites?)n une part importante des changements qui affectent la pratique religieuse grecque après l’époque mycénienne. »

          Après leur retour (d'Asie Mineure)n, les Héraclides ou Doriens édifièrent le temple d'Apollon* à Delphes. Les plus vieux temples doriens possédaient des colonnes en bois3. Plus tard, ces dernières furent remplacées par de la pierre, mais Pausanias (Å110/ 180) en avait encore vu en bois de chêne. Déjà au début du XIIème siècle AEC, les Doriens avaient bâti un imposant temple d'Apollon sur l'Île de Chypre (l’ancienne Alasya ou Danan)n. À Gaza, en Palestine, les Philistins construisirent un temple que “Samson fit s'effondrer lorsqu'il secoua les deux colonnes porteuses” : étaient-elles vermoulues ou cette légende figure-t-elle un des nombreux séismes qui secouent la région ?

          « Les plus anciens monuments de pierre reproduisent des architectures de bois souvent très élaborées. On ne peut donc en aucun cas juger du niveau culturel des peuples, ou d’ailleurs de peuples plus anciens ou plus récents, d’après les rares vestiges qui ont survécu. Stonehenge et Carnac sont contemporains de la période la plus raffinée de la peinture crétoise, de la fin du Moyen Empire égyptien et des sanctuaires de Malte. Les conditions climatiques ont effacé les structures fragiles des cités de bois et de torchis. Toutefois, les symboles* religieux étant les mêmes, il semble absurde de croire que les contacts n’existaient pas et qu’il s’agit, pour le continent européen, de civilisations primitives… » Alain Daniélou.

          Les Phéniciens construisirent au moins trois temples D'Héraklès, à propos desquels Hérodote écrit : « Parce que je voulais en être certain, pour autant qu'il m'en était possible, je me rendis jusqu'à Tyr, car j'avais appris que là-bas, il existait un temple dédié à Héraklès. À présent je suis aussi allé sur l'Île de Thasos, où j'ai trouvé un autre temple d'Héraklès, qui avait été érigé par les Phéniciens (II, 44). »
          
« Les villes et les temples que les Héraclides édifièrent après leur retour en Grèce portaient souvent le nom de Phoinikia. C'était également le nom du port de l'île volcanique de Théra (!) Ils ont également édifié le port de Phoinikus de Méthone (Messène). » Meerbosch, revue Combat Païen (B).


– Le temple quadrangulaire : « La forme première du temple dorique était celle d’une maison rectangulaire, entourée d’une colonnade4 formée par des troncs d’arbres, disposés selon un plan régulier. “Lorsque la pierre remplaça le bois dans la construction du temple, indique Charles Hummel dans Les Temples Doriques en Grande-Grèce (Ed. Vineta). Sa forme pendant des siècles ne fut pas changée dans ce qu’elle avait d’essentiel. Seuls les éléments de la construction, leurs proportions, furent l’objet d’un travail inlassable, pour atteindre enfin cette perfection dans l’équilibre, au terme d’une réussite achevée”.



          «
Significativement, les anciens grecs voulurent conserver pour la demeure de leurs dieux certains traits caractéristiques des maisons de leurs ancêtres nordiques. En premier lieu, bien sûr, le toit à double pente, exigé par les climats septentrionaux, mais fort peu fréquent dans les pays méditerranéens. D’autre part le plan caractéristique du temple dorique, avec le naos5 (ou cella6, longue pièce à colonnes : le sanctuaire de l’édifice) précédé du pronaos, reproduit le plan typique de la maison rectangulaire à vestibule dont les archéologues ont maintes fois retrouvé les vestiges en Europe du Nord. La statue du dieu dans la cella semble même avoir sa place là où se trouvait le siège patriarcal !
          « D’autres détails paraissent avoir conservé le souvenir des techniques de construction en bois, qui se trouvent ainsi, en quelque sorte immortalisées dans la pierre. Les cannelures aplaties du fût des colonnes, notamment, s’expliquerait fort bien par une réminiscence du travail du bois, tout comme la forme très particulière du triglyphe, moulure à triple canal située au-dessus de chaque colonne et dans l’espace entre les colonnes, qui pourrait reproduire d’anciennes têtes de solives transformées en éléments de décoration. La moulure placée sous chaque triglyphe, formée de “gouttes” de pierre ressemblant à des chevilles de bois, n’est pas moins caractéristique 7 .
          « Parfaitement symétrique,
le temple a son axe régulièrement orienté d’est en ouest : le soleil se lève à son entrée. Quelque marches surélèvent la construction et portent les colonnes entourant le sanctuaire. Celles-ci, moins élancées, plus trapues que les colonnes ioniennes, s’amincissent légèrement vers le haut. Sur elles repose l’entablement, formé par l’architrave, la frise et la corniche. Le fronton, triangulaire, se trouve – bien entendu – sur la façade. L’intérieur du temple, qui n’était pas un lieu de réunion, ne remplit pas de rôle social. Il contient seulement la statue du dieu (ou de la déesse) et divers objets du culte.
          « Le Parthénon, temple dorique périptère, fut construit au Vème siècle, de 447 à 432, à l’initiative d’une commission dont faisait partie Périclès, qui en confia la réalisation aux architectes Itinos et Callicratès, et au sculpteur Phidias. Il est l’exemple même de la perfection architecturale. » A. de Benoit, in collectif L’Europe Païenne, Seghers.

          L’architecture est un art sacré* qui consiste à “construire un toit” à l’image du Ciel, en voûte, bleu-nuit et constellée : « En architecture, l'eurythmie est la répétition de la forme fondamentale, c'est la clé de l'harmonie8 architecturale. »





          Nous voyons donc que le temple quadrangulaire est la répétition de la maison privée ou du bâtiment communautaire, avec son foyer sacré* où demeurent les Mânes, les Esprits des “Bons” ancêtres devenus lumineux comme le ciel diurne *Diew/ Deiwos, divins (cf. art. Dieux*). Il n’a évidemment plus aucun rapport avec la tholos astronomique* ou temple rond à déambulatoire hypostyle. Sa disparition soudaine nous confirme dans l’hypothèse d’une destruction cataclysmique (cf. art. Déluges*) d’ailleurs, après l’invasion dorienne, le nom d’Azée (–>Ase) caractérise le prêtre “desservant du temple” !…

          
Mais les Grecs savent que
leurs dieux sont là, dans leur maison, simplement parce qu’ils sont évoqués par les rites*. La figuration esthétique de leur représentation/ eidolon (“l’idée qu’on s’en fait”) ne pouvant qu’attirer les membres de la communauté et être un modèle9. Il n’y a pas de Saint des Saints10, de partie cachée ! Chacun tourne autour de la statue chryséléphantine11 de Zeus* en philosophant, et chacun se tait au moment de la célébration des rites*, des actions de grâce par le Magéiros (sacrificateur) servi par les Vestales° et ce, par respect… d’autrui : ce qui est commun prime sur ce qui est individuel… au moins dans le temple !

          « Portes ouvertes sur les chemins de la nuit et du jour, encastrées entre un linteau en haut et, en bas un seuil de pierre, (portes)n qui brillent dans l’air de la plénitude de leurs vastes battants, et dont la Justice aux puissantes rigueurs détient les clefs à double usage. » Paménide, Sur l’être.
          Voilà des portes qui, fidèles au double usage de leurs clefs, doivent ouvrir sur le cosmos et ceci, plus précisément, au moment du solstice d’hiver !
          Dans la suite du poème de Parménide, les portes laissent passer le philosophe “sur son char, venant visiter la Déesse” (tel le Soleil venant féconder la Terre)n. Elle lui dévoile alors les mystères intelligibles de l’Être… (Patrick Négrier, Le Temple et sa symbolique, Albin Michel, 1997).

          Mais il est une tout autre forme de temple dont on pourrait sans doute dire qu’il est un temple de (pour) la première fonction*, une résurgence de la Tholos atlante sans doute, ou Tholos tuilée de Thulé :

«
En Grèce, l'Heliotropon est destiné à marquer les tropes du soleil, c'est à dire les extrémités solsticiales (X)n de ses variations. Selon Diogène Laerce, Méton en établit un à Athènes, Phérécyde de Syros (“celui qui célèbre Phérès à Thyr”)n un autre à Samos (…) Pausanias mentionne l'autel du Mont Lycée, en Arcadie, dédié à Zeus, la manifestation intelligente de la lumière astrale. Cet autel était précédé du côté de l'Orient, de deux colonnes sur lesquelles étaient gravées, à la mode syrienne12 deux aigles d'or (symbolisant le trajet du soleil)n.
          « Dans le temple d'Apollon pythien à Delphes était rendu un culte à l'omphalos* dans l'Adyton (“l’impénétrable, le sacré*”)n. Cette pierre sacrée (…) marquait le point de rencontre (X)n de deux aigles lancés par Zeus des deux extrémités de la terre; le souvenir de cet épisode était rappelé par les deux aigles d'or13 qui flanquaient l'omphalos au temps de Pindare.
          « Il vint d'abord à l'esprit que les extrémités de la terre étaient les limites opposées du levant et du couchant; mais comme Pline identifie l'Omphalos* avec le gnomon des cadrans solaires, n'est-il pas plus légitime de penser qu
'il s'agissait des extrémités nord et sud des déviations ortives (c. à d. du lever)n d'Apollon Hélios, c'est à dire les points solsticiaux extrêmes observés depuis l'Omphalos ? Il n'est pas dit, il est vrai, que les aigles qui flanquaient l'Omphalos ornaient des colonnes, mais une inscription signale que l'Omphalos était en relation avec une prostasis. Selon le vocabulaire technique une Prostasis était un portique, voire deux colonnes réunies par un linteau14. Les apparences autorisent donc à associer la pierre sacrée, les colonnes et les aigles solaires; c'est plus qu'il n'en faut pour désigner l'édifice chronométrique. » Amable Audin, op. cit.

Nous espérons que vous aurez apprécié cette longue citation d'Audin – nous ne pouvions faire moins : il a tout vu, il a tout dit précisément, et son livre contient bien d'autres très intéressants points de vue et mériterait une réédition. Cela s'écarte cependant trop de notre sujet alors que nous nous en écartons bien assez tout seul : il faut dire que nous adorons les excursus dans la moindre des "sentes de charbonniers" qui se présente à notre promenade en cherchant nos racines spirituelles !


À Rome : C’est Varro qui a dit : « Les Romains ont honoré leurs dieux pendant plus de 170 ans sans statues – sine simulacre. » Cependant, l’idole est tout d’abord symbolique : déesse aux serpents/ déesse en Psy à Knossos (précisons même “en Rune* de vie” ) affinant les pluri millénaires Vierges-Noires en ivoire noirci par le temps* ou Déesses Mères* de nos archaïques contrées. L’idole est devenu “esthétique” avec le “génie grec”, telles Athéna/ Assina l’émigrée de la submersion atlante boréenne ou Aphrodite “née de l’écume”, comme l’ambre* apportée par lécume de la mer (du Nord), mais :

          « Là, parmi les bosquets verdoyants, au bord des eaux paisibles (du Lac de Némi)n des collines solitaires (les Monts Albains)n, persistait encore, sous forme primitive et quasi druidiques,
l'ancien culte aryen du Dieu du Chêne, du Tonnerre et du Ciel pluvieux, longtemps après qu'une grande révolution politique et intellectuelle eut transporté le cœur de la religion* romaine de la forêt à la cité, de Némi à Rome. » Frazer, Le rameau d’or, Laffont, 1981. Levers héliaques :

          En fait, le temple bâti et recouvert n'apparut dans le monde romain que vers le VIème siècle AEC. Il était cependant encore construit en bois et torchis chez les Étrusques par fidélité à ses origines. Il était toujours orienté au nord-est15, même chez les Étrusques ainsi que le prouvent les fouilles récentes, et non au sud comme le prétendait au 1er siècle l'architecte romain Vitruvius.
          Sur ce temple étrusque on peut voir les 18 dieux de terre cuite sur la toiture, précédés, dominés par le char solaire (domine en latin) qu'est le quadrige d'Aplu/ Apollon. Son char est décoré des cornes taurines qu'on retrouve dans le palais des Minos en Crête. La poutre maîtresse est protégée de la pluie par une tuile décorée qui représente un Cernunnos* ailé, semble-t-il (cf. l’Eikthyrnir nordique). Les tuiles en rouleau de la marquise sont un rappel de la construction en bois, comme le sont encore les colonnades. Plus tard, lorsqu'ils construisirent en dur, ils disposèrent leurs dieux et leurs gigantomachies sur le fronton, à la mode grecque.


          Lorsque le temple s’ouvre plein Est, la fonction des trois idoles dans le temple est évidente : le rayon héliaque au lever équinoxial éclaire par la “porte étroite” l’idole centrale : le rayon du lever solsticial d’été éclaire l’idole de gauche, et le rayon du lever solsticial d’hiver éclaire l’idole de droite, soit successivement Héra, Zeus et Athéna !…
          C'est de là que date l'habitude des temples sombres, ce qui est contradictoire avec les temples de plein air celto-nordiques qui sont toujours des observatoires solaires et des horloges annuelles, mais les temples couverts sont caractéristiques de la vie des bourgs (i;e. bourgeoise) : ils utilisent le rayon comme index du Temps alors que le temple de plein air l’indique par l'ombre du gnomon. SE-E-NE…

          Le mundus, la fosse rituelle – soigneusement cuvelée – était toujours en plein air et située devant le temple (par exemple le temple étrusque de Misa-Marzabotto près de Bologne). Elle contenait des restes sacrificiels, côtes, os longs et intestins (chevaux notamment), mais aussi des monnaies, des fibules, des armes détrempées et pliées, des miniatures et des ex-voto. Notons qu'on a pu quelquefois confondre cette fosse avec une construction creusée sous le temple et qui servait de cave, de cellier, de silo pour la communauté. C'est l'origine de ce dédale de celliers “agencés avec soin” sous le temple des Minos, ou bien sous un bâtiment conjugué aux appartements royaux comme chez les Hittites, et qui fut
appelé à tort labyrinthe*.
          Lorsque la fosse sera englobée à l'intérieur du temple par son agrandissement, elle deviendra la crypte de nos cathédrales, quand son origine n’est pas celle de la source sourdant de la grotte originelle de la Déesse Mère*/ Vierge-Noire° ce qui nous semble bien plus évident…

          Le concept romain de
sacrifice (hosties) servant à revigorer les Lares et à les empêcher de partir du foyer-pénates et de ne plus assurer la protection du Phyllum et d'errer par les campagnes "comme des âmes en peine", nous semble être une superstitio – à forte connotation littéraire – développée à une époque où la religiosité païenne originelle des Romains se mourrait.
          Mais, la fonction principale du sacrifice était à l'origine l'offrande des prémices comme rite d'action de grâce, de remerciement aux dieux “bons”, les Mânes vus à travers les sages ancêtres, pour la fécondité accordée et pour leurs bons conseils (éducation, inspiration, mise en valeur du domaine, routes, ponts, irrigation, etc.). Le passage à la superstition est dû à la crainte qu'inspire l'ancêtre mort quand l'estime ou l'amour simulés ne porte plus vers lui que des brues ou des enfants étrangers à la culture du clan*, lorsque "
Rome n’est plus dans Rome" comme l’a dit Racine, ce qui arrive immanquablement quand l'esprit le cède ainsi à la lettre, le remerciement à la crainte et, en un mot, le “sacra au “casta” (pour ces termes : cf. art. Magie*) !


Du Moyen-Orient à l’Ibérie : « Hérodote nous parle de deux colonnes d'or et d'émeraude, les achérim, du temple de Melquart tyrien, et Strabon ajoute que le temple de Gadès possédait deux piliers de bronze, hauts de 8 coudées, appelés “colonnes d'Hercule” 16. On connaît en outre les deux piliers de bronze nommés Iachim et Boas, hauts de 23 coudées et fondus sur l'ordre du roi Hiram de Phénicie pour précéder la porte orientale du temple de Jérusalem. Celui d'Altergatis à Hiérapolis était également célèbre pour les deux colonnes édifiées par Dionysos lui-même et qui, si l'on en croit Lucien, auraient mesurées 30 orgyes. Il existe par ailleurs des stèles carthaginoises figurant un temple précédé de deux hauts piliers terminés en caducées* ou surmontées de grenades17 symbole* de fécondité solaire. Dans certains, cas les colonnes étaient "réunies par une poutre transversale constituant ainsi un portique dont l'uraeus déterminait la valeur solaire". » Amable Audin.

Le temple israélite est lui aussi « précédé des colonnes Khammanim dont le nom est en rapport avec le soleil. L'épisode du Sanchoniaton nous conte qu'Ousoos dédia deux colonnes, qu'il les adora et les arrosa de sang ; et aussi telle inscription sémitique du roi Iéhaw-Melek donnant acte de la dédicace de la dame de Byblos "de la porte d'or qui est au milieu du linteau, du portique, des colonnes et des chapiteaux qui les surmontent" … » Amable Audin.

A Chypre, une chapelle recouvre le bétyle* conique (cf. Clou°) et Audin nous précise qu'on trouvait devant cet édifice « deux piliers surmontés par des cornes doubles et de chaque côté sont indiqués des portiques décorés de pyrées ; ils servent à délimiter l'enceinte sacrée. »
          Cet édifice dut être ensuite surélevé car l'étage comporte trois ouvertures laissant pénétrer la lumière qui, à notre avis, devaient illuminer le bétyle aux solstices et aux équinoxes (cf. illustration supra), augmentant par là considérablement la précision : on reconnaît là sans peine l'édifice chronométrique équivalent à nos visées solaires naturelles au Ballon d'Alsace (cf. art. Apollon*/ Bélénos) et, partiellement seulement, l'observatoire astronomique de Stonehenge*…

– Pendant ce temps en Europe celto-nordique, gauloise ou germanique, on en est resté aux simplicités symboliques et agrestes qui caractérisaient les Hörgr, Hof et Hag : dunum-oppidum ou németon, tertre carré et fosse soigneusement cuvelée du mundus pour les rites aux Dieux chthoniens (fumure symbolique et hygiène), tout cela en plein air, dans une ambiance très “panthéiste”, pour éduquer et re-lier tous les membres de la communauté* au Cosmos.

          « Comme le prouvent les mots germaniques pour “temple”, le sens de “temple” n’est apparu que par la suite, car à l’origine ces mots désignaient sans doute uniquement un bosquet sacré* ou un lieu sacré. L’ancien saxon ealh, alh, le gotique alhs (cf. la Rune Algiz et le cerf gaulois alce)n ainsi que l’ancien saxon hearg et le vieux norrois hörgr ont été glosés par le mot “temple” et simultanément par l’expression “lieu sacré, bosquet sacré”.
En tout cas les forêts sacrées sont plus anciennes que les temples et les autels. » Rudolph Simek, Dictionnaire de la mythologie germano-scandinave, Porte-Glaive, 1996.

          Cependant, c’est Grimm qui le premier a tiré de l’examen des mots teutoniques signifiant “temple”, la conclusion vraisemblable que, chez les Germains, les plus anciens sanctuaires étaient des bosquets naturels. Ces remarques basées sur la linguistique, c’est à dire sur des mots, donc des écrits tardifs et souvent étrangers, ne rendent pas compte de la réalité des “temples solaires” tels qu’ils apparaissent sur les graffitis pariétaux, le site des Externsteine ou l’Irminsul qu’abattirent les sbires de Charlemagne° (cf. § in art. Irminsul*) et qui sous-tendent la “vue du monde cosmique des Indo-Européens” (Haudry). Nous le reverrons à la fin de cet article en parlant du “Temple solaire”…


Màj 25 nov. 03 : « le paganisme* scandinave n'est pas une religion*, en dépit de la terminologie que j'ai employée jusqu'ici dans le présent essai. Il ne se fonde sur aucune "doctrine", nous ne lui connaissons pas de dogmes, il n'existe que dans et par des rites* : encore, ces derniers ne s'inscrivent-ils pas dans une liturgie, que l'on sache.
          Pareillement, il n'a pas de "temples*", au sens où nous l'entendons. Tous les témoins s'accordent pour noter que ses "temples" sont des endroits naturels, bois, champs, sources, fontaines, cascades ou des tertres, ou encore des arbres gigantesques (type Yggdrasill ou Irminsul). "Haut-lieu" ou sanctuaire - au sens comme abstrait : lieu où l'on célèbre le sacré, où on le "fait" (sacrum facere, sacrifice) - vé ou hörgr; il est remarquable que le terme hof qui aurait plus de raisons à équivaloir notre "temple" soit probablement un emprunt au vieux-haut-allemand.
          Poursuivons : il n'a pas de clergé. La notion de goi, bien présente dans les sagas islandaises et certainement "importée" de Norvège, renvoie à un exécutant (le chef de famille en général) des grands rites saisonniers ou attachés aux événements importants de la vie humaine, jamais à un initié appartenant à une caste11.
          Quant aux nombreux mythes* scandinaves, ce sont bien, conformément à l'étymologie* du mot, des "histoires", mais le Nord n'a pas de prière à nous offrir, pas de contemplation, pas d'acte d'adoration, pas de méditation. Cet univers religieux se connaît par des actes, exclusivement…» Régid Boyer, extr. art. Odhinn était-il un chamane* ?

          Plus tard vint un abri, pour le pal rituel ou gnomon sculpté et pour les rites*, les danses, les chants, les feux, le banquet figurant le Walhall. Mais en même temps survivaient les Déesses Mères*, les Vierges-Noir(ci)es* pré-indo-européennes des ancêtres Vanes, dans leurs grottes-sources, avec leurs eaux “guérisseuses”, leurs bourbonnes chaudes, ancêtres des fameux thermes romains où s’échangeaient les recettes miraculeuses pour guérir ceci ou cela, tout ce que en un mot nous avons perdu, mais…


« Les statues-stèles du nord de l’Italie (Haut-Adige, Valcamonica, Valteline, Val D’Aoste, Ligurie), du sud de la France et de la Suisse retiennent aussi notre attention. Elles sont de deux types : les satues-stèles présentant une figuration anthropomorphe, et les statues-menhirs, monolithes qui portent une décoration rupestre semblable. E. Anati constate en 1981 qu’un certain nombre de ces statues-stèles de la Lunigiana ont été découvertes aux endroits où furent érigées des églises* au Moyen-Âge. C’est un indice d’une permanence du sacré*.
          « Certaines furent mutilées et conservées dans la crypte de l’église* et le souvenir d’un culte païen s’est maintenu dans les traditions populaires. Souvent aussi ces statues-stèles se trouvaient près d’une source, d’un cours d’eau ou au confluent de deux torrents (Pontevecchio, I). À proximité du lieu de découverte, on a parfois exhumé des restes de constructions mégalithiques. » Julien Ries, Les Religions, leurs Origines, Flammarion 1993.


La toute première cathédrale “gothique” : fut construite à Lund (Lundinum Gothorum) en Gotland (S). Rien d’étonnant à cela, la Suède ne fut que tardivement christianisé et le nom de cette ville signifie “bosquet sacré18 ”, bosquet au centre duquel était un Németon, l’ancêtre de cette cathédrale solaire.

          La cathédrale gothique des Maîtres Compagnons maçons (bâtisseurs), regroupe la Cella ou chœur, la Grotte-Crypte, le Labyrinthe, la forme du Trèfle mégalithique de Newgrange avec ses absides croisant la Nef-Chœur, les Rosaces-Croix celtiques, les Svastikas de balcons et d’escaliers si ce n’est dans la rosace, et le rayon du Soleil solsticial qui éclaire l’Hostie qui a succédée à la lentille d’Ambre clair servant à produire le “feu nouveau” du fascio de coudrier/ noisetier en cet instant sacré* :

         
 « La cathédrale gothique de Strasbourg abrite un phénomène lumineux rare nommé le Rayon vert équinoxial : deux fois par an, la lumière du soleil traverse un vitrail vert et éclaire le Christ qui orne la chaire de la nef. » Claude Arz, À la découverte de la France mystérieuse, Selection, 2001.
          Gageons qu’il s’agit là d’une modification ultérieure opérée sur ordre de l’Église* car, à l’origine, il ne pouvait s’agir pour les Compagnons initiés* que du rayon du soleil levant au solstice d’été qui, comme en bien d’autres endroits éclairait à cet instant, “comme par miracle” l’hostie d’un rayon
jaune d’or

          
Dans la cathédrale de Bourges – capitale de l’alchimie* – un “étrange rayon lumineux” signale le… solstice d’été ! « La cathédrale de Bourges est le théatre d’un étrange phénomène lumineux… Une lame de laiton, incrustée dans le dallage, traverse la nef. Elle marque le méridien. Centré à son extrémité sud, un cercle de 19 cm de diamètre a été gravé dans le sol. Au niveau de la deuxième chapelle latérale sud (il y en a cinq en demi-héxagone, cf. Muhlespiele infra)n, au niveau du triforium, se perche un vitrail en médaillon représentant Jean-Baptiste (figurant la Saint-Jean ou “solstice d’été”)n et Jésus (figurant le Soleil “dominus”)n. Le coude droit de Jean Baptiste est percé d’un trou cerclé de plomb. À la Saint-Jean un rayon de soleil y passe et vient projeter sur le dallage sombre de la cathédrale un cercle parfait de lumière de 19 cm de diamètre. À midi, heure solaire, il vient exactement épouser le contour du cecle gravé dans la pierre… » Claude Arz, À la découverte de la France mystérieuse, Selection, 2001.
          
         
 Le Bois Sacré, c’est la futaie (goat en breton) des fûts de colonnes et ses bourgeons décoratifs, et l’Ombre et la Lumière de la forêt passent par les vitraux. Tout ceci reproduit la Clairière Sacrée qu’était le németon, lieu des Assemblées du Peuple, en grec ecclesia. Il y a aussi la Musique, le Chant et, encore au Moyen-Âge, la Danse. 

          
Le Feu, qui se faisant autrefois dans le temple et plus tard sur le parvis, fut remplacé par le style “flamboyant” mais, il subsiste encore dans l’arbre porte cierges qui s’appelle un… If et dont le pied est quelquefois rayonnant-spirallé en svastika* sacré ! 

          Et bien sûr il y a
l’Eau lustrale, petit baptistère actuellement, mais autrefois cuve octogonale alimentée par la source sacrée jaillissant dans l’église et plus souvent encore dans sa crypte-grotte ; il ne manque à certaines que leur archaïque Vierge-Noire°. Et, n’oublions pas les ex-voto qu’on jetait dans ces sources, fontaines et puits, et les déambulations autour de la nef, sous les arches, déambulation devenue le “chemin de croix” de nos églises chrétiennes…


Cependant, en pleine Renaissance, deux dominicains (dominus “soleil”) imaginent chacun le “Temple idéal” :

- 1/ Colonna (1433/ 1521) qui est vénitien, décrit ainsi dans son Songe de Polyphile, le Temple consacré à sa Vénus physizoé (“vie naturelle”) dont « 
la structure antique de haute contemplation est capable de revivifier les esprits, parce que douée d‘une signification astronomique devenue une symbolique. »

- 2/ Ce que pourrait cependant corriger le second, Campanelli un calabrais (1568/ 1639) dans sa Cité du Soleil : « Le Temple est parfait, circulaire. Il ne compte pas de mur extérieur, mais
il repose sur de grosses colonnes du plus bel effet… »

     
Ce qui n’est pas contradictoire mais complémentaire !

          
Et l’architecte Philibert de l’Orme écrivait en 1567 que « pour être viable, une cité doit comprendre des agriculteurs (Saturne), une Religion* et une Justice* (Jupiter), une gendarmerie (Mars), de l’Amour et de l’Amitié (Vénus), des Lettres et du Commerce (Mercure), des artisans et des ouvriers (Lune) et enfin un roi (Soleil).


Un curieux rite païen christianisé a perduré dans l’Église : « Une fois l’église construite, l’évêque procède à sa consécration. Devant une croix de saint André, il trace du bout de sa crosse (cf. art. Lituus*)n toutes les lettres de l’alphabet grec (i.e. la Suite annuelle de Runes* ou Trinôme sacré*)n et, sur l’autre branche, toutes les lettres de l’alphabet latin. Ce même rite se pratique encore de nos jours avec cette différence que l’église consacrée n’a plus aucun rapport avec le cosmos (…) Le rite de consécration présente un caractère mystérieux dont on parait avoir perdu le sens. » M. Moreau, La Tradition Celtique dans l’Art Roman, réed. Courrier du Livre, 1995.
Pas tout à fait cependant, car cette croix* de saint André étant la Rune Gébo “Don des Dieux” ou “croix de Taranis” qui indique les quatre directions des levers et couchers solsticiaux du Soleil, l’église primitive était d’évidence consacrée, dé-diée (!) au dieu “Bon”, qu’il soit God (good), Gott (gut) ou “l’excellent” Sucellus!
          Mais pour voir cela il fallait appeler en renfort la mythologie nordique et ses Runes* sacrées ancêtres des alphabets ultérieurs (cf. art. Écriture*), ce qui n’est toujours pas “à la mode” dans notre appareil19 éducatif… pourtant “laïque” !


Le Temple (et ses symboles*) est donc un ouvrage d’initiation* à la “religion* cosmique des Indo-Européens*” (Jean Haudry, ed. Gremese Milan) !


Le Duomo de Sienne


          L’architecte Viel de Saint-Maux mettait déjà – et encore – en évidence en 1787 le caractère symbolique* cosmique des temples :
          « 
Pourquoi les sophites et les voûtes de ces temples sont-elles enrichies d’objet astronomiques‘(…) Dans les temples anciens tout prête à l’analyse, tout y présente des symboles et des types mystérieux ; partout on découvre les grands attributs de la divinité. En effet, on ne chantait dans ces temples que les merveilles de la création, les miracles perpétuels de la fécondance (…) Les divisions annuelles de la marche du soleil y étaient représentées ou sous la forme d’autant de personnages, ou sous la forme des productions de la contrée ; ces mêmes divisions, le soleil lui-même y étaient toujours considérés comme des attributs de la divinité ; ainsi les peuples devenaient éclairés, laborieux et reconnaissants (!)

          « Il est moins difficile qu’on ne croirait de connaître la forme des premiers temples : les écrivains de l’antiquité ont répandu une grande lumière sur cet objet. Varron, entre autres, définit le mot temple à ne pas s’y méprendre ; c’était un lieu sacré mais ouvert,
destiné à contempler le ciel. Des pierres seules, élevées à quelques distance les unes des autres, et dont le nombre égalait celui des planètes, de mois de l’année, ou enfin des jour du mois composaient ce lieu sacré (…)



          « Ces oratoires symboliques était autant d’autel votif sur lesquels (…) on brûlait des plantes aromatiques
en l’honneur de la divinité et de l’astre du monde qui par ses révolutions préside aux saisons20, forme les mois, les jours et vivifie la terre (…) Ce sont ces mêmes pierres et autels votifs que l’on vit s’embellir et représenter par quelques marques caractéristiques les mois, les saisons et les éléments ; ce sont elles qui par des symboles* exprimaient la marche du soleil ; ce sont enfin ces mêmes pierres, taillées en colonnes mystérieuses, si vantées dans l’antiquité, qui par la suite servirent comme de support et suggérèrent l’idée des temples d’une nouvelle structure (…)
          « La tête d’un animal utile au labourage, ou l’une des marques symboliques du globe céleste21 étaient les seuls objet qui terminaient ces colonnes (…) Elles furent l’interprète des lois et l’image du calendrier (…) On en vit sous l’emblème des douze mois de l’année former des temples dédiés au soleil chez les Grecs et les Égyptiens. La voûte de ces temples était étoilée, ou représentait les révolutions du firmament ;
la plate-bande qui couronnait ces colonnes se nommait zoophore, qui signifie zodiaque ; l’un des signes célestes répondait sur chacune de ces douze colonne pour exprimer leur analogie avec les mois… » (Cité par Patrick Négrier).

          D’autre part, nous avons vu dans l’article Astrologie* nordique, comment la chapelle de l’abbaye de saint Bernard de Citeaux à Léoncel (F. 26), avait été construite sur un ancien temple solaire païen :



Un Temple Héliaque :


          Depuis que nous nous livrons à des recherches concernant les rapports entre l'Astrologie* et l’Astronomie*, nous avons dû tenter de refaire le plan de construction de cet observatoire solaire qui servait aussi aux rites* festifs de la communauté* puisque la religion de nos ancêtres indo-européens* était une “religion cosmique” selon l’expression du professeur Jean Haudry.
          Nous l’avons traqué depuis Newgrange° où nous nous demandions si les menhirs éparpillés devant le Sidh° étaient bien à leur place et la traque nous mena depuis l’Europe du Nord jusqu’en Phénicie/ Palestine, en passant par Rome, Athènes, la Crète et Chypre.

          Nous avons alors entrepris de faire le schéma d’un “travail manuel éducatif à l’usage des camps de jeunesse”. Nos trois socles – imposés par la Tradition nordique, utgard, midgard et asgard – étaient alors dans notre pratique, ronds, superposés, et bordés de galets marquant les heures de ce cadran solaire géant.

C’est alors qu’un de nos amis, sachant que nous avions remarqué que les jeux* de marelle22 sont bien plus que ce qu’ils paraissent être – la marelle “Croix de Lorraine” par exemple avec son Ciel/ Ouranos et sa Terre Mère*, étant un parcours initiatique*, un
Arbre de Mai/ Irminsul*– nous adressa la Revue de l’Armanen Orden, Hugin & Munin, 12-1995, dans laquelle nous découvrîmes un article de Kalwin concernant le Muhlespiele :

Partant d’une tout autre préoccupation, interprétant une autre de ce que nous appelions précédemment “marelle”23, Kalwin en arrive à la même conclusion : ces “jeux* du Moulin” qui datent de l’Âge de la Pierre et de l’Âge du Bronze et qu’on trouve dans de nombreux pays d’Europe sous forme de graffitis, de gravures pariétales ou de semis de pierres, sont très exactement des horloges solaires !

          Il s’agit donc là d’archaïques plans de construction du “cœur” de nos Temples Solaires de plein-air, au milieu de nos Németons° sacrés* : le gnomon/ Irminsul* (Arbre du Monde) y est au centre des trois socles traditionnels construits en marches d’escalier. Ils ont d’ailleurs souvent été conservées par la “nouvelle foi” : comme support de calvaires (c’est moins jubilatoire) !
          Cependant, ici, ces trois socles sont carrés : l’utilité de cette forme saute aux yeux car ils déterminent par leurs diagonales communes, les lignes de visée des levers et des couchers du soleil aux solstices d’été et d’hiver  puisque nous sommes sensiblement au 45ème parallèle.
          D’autre part, l’ombre portée par le gnomon à midi traverse les carrés comme une médiane que nous pouvons établir facilement, l’homme étant très sensibles au parallélisme.
          De plus, ces carré ne sont pas écartés régulièrement suivant que nous sommes:

 - 1/ au solstice d’été, où l’ombre frôle le bord du plus petit carré du socle car le soleil est au plus haut, son ombre est donc plus courte…

- 2/ aux équinoxes où elle touche le carré moyen…

- 3/ au solstice d’hiver où elle effleure le carré extérieur car le soleil est au plus bas de sa couse annuelle.




          C'est cette remarque fort pertinente de Kalwin, qui justifie que les trois socles soient indispensables et que, pour cela, ils soient devenus rituels, puis traditionnels ! Nous remarquons d’autre part que l’ombre portée du gnomon donne les dimensions exactes des trois socles carrés lorsque le soleil est au zénith, et cela empiriquement, bien avant qu’on l’ait redécouvert par le calcul trigonométrique (pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué)…

          C’est très probablement aussi de là que réside la valeur sacrée* du nombre trois, celui qui donne toutes les triades bardiques et qui confirmait les antiques trinêtres d’origine lunaire, au moins pour les initiés* de première fonction*.
          Sans doute, s’est-il ainsi agit d’un synécisme de la Guerre* de Fondation des Ases et des Vanes. Signalons qu’on retrouve aussi ce nombre trois dans le faisceau° de flèches (cf. art. Blasons*) qui indiquent les directions des visées solsticiales et l’axe du Nord : il a la forme de la Rune* Hag-all appelée aussi “tous les tertres” ou” Tertre Suprême” – qui figure l’Ordre Cosmique – et il pourrait bien, de ce fait, être à la base du Faisceau du licteur de nos républiques, ainsi que des Flèches° du Blason* espagnol, voire même de la Gerbe° des traditionnelles Armes des rois Vasa de Suède.

          Remarquons aussi que sur notre schéma il n’y a que trois piliers24 “illuminés” par Sol, l’astre du jour : un blanc à l’aurore, un doré à midi et un rouge au couchant, car le quatrième, le noir, est invisible puisqu’il y fait nuit : on peut cependant le deviner avec unr grande précision car son sommet est marqué par l’étoile polaire qui nous indique la cheville ou clou* de l’univers.
          La ligne équinoxiale semble ne pas avoir la même importance cependant malgré cette période plate, intermédiaire, où l’on est déprimé et où les “grans” (grands parents) partent souvent pour leur dernier voyage, ce n’est qu’une apparence car elle détermine un graphique à huit secteurs qui distribue les grandes fêtes* traditionnelles dans tout le monde celto-germanique :

- 1/ quatre fêtes “astrales” de 1ère et 2ème Fonction* : les 2 Solstices et les 2 Équinoxes qui forment les axes de la croix druidique* ou croix celtique…
- 2/ Et quatre fêtes agricoles, de 3° Fonction : Imbolc, Beltaine (
1er mai), Lugnasad et Samhain qui forme la rune Gébo dite “Don des Dieux” ou Croix de Taranis !


          Nous voilà donc à nouveau en face d’un autre nombre remarquable, les octades ou œttir qui règlent tout, du nombre de runes dans les trois œttir/ familles (3 x 8 = 24 dieux et déesses et leurs assistants ou 24 constellations/ astérismes/ runes*) au panthéon d’Ouranos en Helgolandt, et jusqu’aux nombres de pieds, de vers, des sagas des Scaldes, ou même aux temples octogonaux des empereurs ottoniens et, surtout, au “chiffre sacré*” que surent conserver les Templiers* !


Dossiers d'archéologie n° 255-Rome 2
On remarquera les 8 colonnes en tholos et
le baptistère à source centrale entouré de 8 cerfs



          Mais, dans le Temple de plein air, chacun dans le village pouvait observer le calendrier solaire annuel ainsi que l’horloge journalière puisque les doubles pierres indiquent les 12 mois et les pierres du grand cercle (ou carré) indiquent les 24 heures. Cependant, cette horloge (cf. art. Destin*) ne pouvait “fonctionner” qu’en présence du soleil : les jours sombres il était nécessaire d’avoir recours au sablier/ diabolo (“diviseur”).


          L’Ase qui le retournait toutes les heures était le “crieur du temps” ou le sonneur du tambour d’airain (cloche) qu’on entendait bien au delà de l’île Atlantide* alors qu’on naviguait dans la brume du Niflheim vers la grande Troja-Mère des origines !


Calendrier d’Oléus Magnus in Hist. des Pays Sept. 1561


          Et, pendant les mois “sombres”, on n’avait que la ressource de compter les jours sur les stafirs/ almonats que les paysans frisons ont gardé fidèlement pendant si longtemps…

          Nous pouvons cependant supposer que si le tracé était fait avec des carrés25 pour obtenir les diagonales du X, les socles étaient en réalité circulaires et bordés de pierres, grises et blanches, figurant les mois par visée héliaque sur le grand cercle et les heures par l’ombre portée sur le petit cercle. L’ensemble représente alors bien une “meule de moulin” avec son axe !
Comment ne pas jubiler après une telle “invention” : nous entendons d’ici Hropta-Tyr crier (éructer) son Euréka tonitruant ! Et comment, dès lors, ne pas appeler son Œuvre le Moulin du Joyeux ou le Moulin de la Grande Chanson (celle de l’harmonie astrale) ? Car on chantait et l’on dansait autour de ce pilier des Irmionen/ Armanen : l’Yggdrasil Irminsul* !
          On dansait avec allégresse… la Danse* des rubans à n’en pas douter, celle précisément de nos
Fêtes de Mai qui célèbrent si magnifiquement la géniale cosmogonie de nos si “lumineux” et “divins” ancêtres !

          Ainsi, nous nous retrouvons à notre point de départ. Ce Muhlespiele, comme les autres marelles, s’il était devenu un jeu* hautement éducatif et bien digne du Grand Ase qui savait mêler le travail aux activités intellectuelles et aux délassements26 musicaux et chorégraphiques, était à l’origine un rite* célébrant “l’invention du millénaire”, celle que fit Cronos (“coupure”) La Corneille, c’est à dire celle de l’horloge solaire, celle même qui allait désormais rythmer les activités de la communauté* puis, peu à peu, celles de l’humanité tout entière !



QUELQUES COMPLÉMENTS


LES PYRAMIDES
. Leur but : tombeau ou signification plus profonde ?


          « Comme les pyramides, les tumuli funéraires de la civilisation nordique, tombes de prêtres-rois d’ailleurs, sont voués au culte du ciel, au culte d’Odhin (Éliade, Dumézil). Certes, on peut introduire des nuances et distinguer soigneusement, par exemple, les autels* élevés : tertre, monticule, cairn, obélisque qui supportent un feu allumé ou un phare, des pierres plates frottées de sang, les premiers étant voués aux divinités ouraniennes, les secondes aux divinités terrestres. » Gilbert Durand.

     


Époque historique : Cependant la borie* des torréens ou la nourraghe sarde s’était transformée et était devenue de plus en plus un tombeau. Puis, elle a couvert une base carrée imitant le tertre et de ce fait sa toiture ronde est devenue carrée et devient le mastaba égyptien qui est l’origine de la petite pyramide du fait de la construction en encorbellement (3000 AEC), avec la nécessaire incorporation d’une chambre (cella) pour les meubles funéraires et les offrandes. Celle-ci abritait encore certains cultes privés réservés au fondateur de la dynastie Faucon/ Horus27, mais les cultes publics se déroulaient à l'extérieur…
          Le temple égyptien était traditionnellement précédé d’un bassin ou d’un lac habité de crocodiles et de serpent venimeux et d’un débarcadère (!) : ne pourrait-on pas en déduire que ces premiers hiérarques pratiquaient des rites* de commémoration de leurs origines… occidentales et post-diluviales car, traditionnellement, le mort retournait vers le soleil couchant, comme le soleil annuel mourant au solstice d’hiver s’en retournait dans l’Océan/ Occident, dans une barque funéraire ?
           Ou devrait-on le rapprocher du rituel bassin monumental des défuntes civilisation de l’Indus ? Il est évidemment l’ancêtre de cette “Mer d’Airain” qui, “devant le Temple de Salomon, reposait sur douze bœufs de bronze” ?

          L’apport de Sumer est évidemment incontestable, mais il ne dépasse guère – dans leur civilisation citadine – le IIIème Millénaire. Or, on date la civilisation des mégalithes atlantiques de 3500 à 4700 AEC soit de 1000 à 2000 ans avant les pyramides :

Époque archaïque :
En effet : « Les grandes architectures atlantiques ont été édifiées quelque 2.000 ans avant les Pyramides d’Égypte, mettant à mal la théorie de “l’ex oriente lux”… » Jacques Briard, Les Mégalithes, ésotérisme et réalité, Gisserot, 1997.

          « La pyramide de Monte da Codi en Sardaigne date de 5000 AEC. Sur les pentes de l’Etna il y a 14 pyramides à degrés. À Nice, une pyramide est gravée sur les parois d’une grotte souterraine (Phalikon). À Ténériffe aux Canaries, se trouve une pyramide à degrès dans la vallée royale et d’aucuns pensent même que ce sont des navigateurs guanches28 qui ont acculturé les Olmèques (métis). » La Cinq TV…

          Saintes est la Patrie des Cailles (“Xouthos est un moineau voleur”) et des Gaulois Santons ou Santones et, tout près, se trouvent les trois tumulus de la nécropole de Bougon qui datent de 4500 AEC, c’est à dire de 1.800 ans
avant les pyramides égyptiennes de Gizeh !

          Le dolmen29 de Kercado en Bretagne remonte à 4.800 AEC (C14) alors que les plus anciennes pyramides sont datées de 2.700 AEC !…


          À Newgrange, le tumulus (Sidh) date de plus de 3200 AEC ou 3350 AEC selon la datation au carbone 14 corrigée ! Il semble avoir été abandonné vers 2800 du fait d’envahisseurs (ou bien de ces fameuses épidémies dont nous parle la mythologie* irlandaise)n .
          À une trentaine de kM de Stonehenge, il est un autre “cercle de pierre” tout aussi signifiant et, non loin, une colline artificielle assez conique : c’est Silbury, un tumulus herbeux de quarante mètre de haut qui
recouvre une pyramide de calcaire blanc, sans sépulture intérieure : la première pyramide du monde : Remarquons bien qu’elle est sans sépulture et que sa fonction ne peut alors être qu’astronomique !… (cf. l’art. Nouvelles Archéologiques*)



Du Temple solaire aux Templiers* : Nous n’en dirons qu’un mot ici puisque ces chevaliers “mainteneurs” de la foi de leurs pères bénéficient d’un article entier sur ce site, article dans lequel – comme d’habitude – nous sortons des sentiers… battus. Mais remarquons à cette occasion ce blason* de Templeuve-en-Pévèle (dans le département du Nord) : outre l’écartelé du Blason* d’Ingeburge de Danemark, l’épouse royale de Philippe Auguste (dont le mariage se déroula le 14 août 1193 dans la cathédrale d'Amiens), et du blason de l’abbaye d’Anchin nous voyons, chargé en Cœur, le T de Templeuve qui est manifestement…pour nous, celui du “Temple” (Templiers) et aussi le Tau du “tonnant” dieu Thor* de cette belle princesse danoise ! Vous connaissez assez notre “point de vue”… original et quelque peu partisan !


Ingeborg
: Màj proposée par <coupigny.rene@wanadoo.fr> de Templeuve :

« Je suis en mesure de prouver historiquement que "ing" est bien une rune d'ascendance. En effet César d'Estrées (dont les armes sont représentées sur le blason) était le neveu de Gabrielle d'Estrées maîtresse d'Henri IV dont elle eut trois enfants légitimés (d'ou les trois merlettes du Blason*). Le symbole est donc clair : il signifie une appartenance à la lignée royale. Le blason de la maison d'Estrées qui est sur le net comporte effectivement cette rune* Ng (Ing) (descendance) traduite par le mot "frette" par les “historiens officiels†” [forme de la rune “Ng” anglaise] et ramenée à un "treillis" dans la commune “républicaine” de Templeuve : piètre imagination !!!…           « Révolutionnaire ta pensée, "père" Tristan , tant mieux car notre monde à besoin d'une nouvelle roue. Runiquement des vôtres, René… »


Suite màj Coupi sur Ingegorg (Ingeburge en françouais d’époque) :

« Les 2ème et 3ème quartiers “d’azur semés de fleurs de lis d'argent au cerf brochant le tout” sont les Armes de l'abbaye d'Anchin… Récupération probable d'un culte lié à Cernunnos*, en relation avec l'Irminsul* Arbre du Monde. La région était fort boisée à l'époque, elle fut d'ailleurs appelée "nemus pévéla". Plusieurs toponymes locaux semblent indiquer qu'un ensemble cultuel païen existait là : - Ardompret, le pré d'Ardhuina ?  - le Hage : en relation avec la rune? (Hag-All “Tertre suprême” –> Cosmos)n - les Tertres de quels Dieux* ? (tout le panthéon danois, càd nordique !)n
          Certitude : la racine latine de Templeuve est templum jovis selon les historiens officiels, "le temple de Jupiter° se substituant au németon celte*. (Un indice : la tradition du mât/ Mai de cocagne – appelé chez nous “arbre à savon” (mât savonné) existait encore il y a un demi-siècle. Nous savons que c'est une survivance de l'Irminsul*.
          Fait curieux rapporté par un historien local ce mât était toujours érigé à coté d'une pierre appelée "pierre des sorciers" car la tradition rapporte que les sorciers* étaient exposés dessus avant d'être conduits aux "lieux patibulaires". Cette pierre est gravée d'un tau – figuration de l'Irminsul ? récupéré par l'Église* en tant que marque de salut pour les sorciers (elle brûlait le corps pour sauver l'âme: merci pour le service!)
la pierre existe toujours : elle a été scellée derrière le monument aux morts des guerres, mais il y manque le nom de ceux de l'Inquisition… Une tradition locale rapporte qu’un des piliers de l'église serait constitué d'éléments de l'ancien temple. J'imagine une de ces grandes colonnes gnomons surmontée d'un cavalier à l'anguipéde dont tu parles dans Irminsul B. Qui sait…
          Pour compléter le tout l' église à été dédiée à un de tes saints préférés : Martin !
          Sur le fronton est du clocher figure un grand symbole : un ciboire dans lequel est enfermée la lettre T pattée comme sur le blason : initiale de Templeuve ou Irminsul emprisonné ? René. »

Biblio plus :
Fulcanelli, Les Demeures philosophales
+


et aussi C.D. :
C. D. Universalis : article Lieux sacrés, Grèce


Première émission le 4 avr. 02, 4ème mise à jour le 02 oct. 04

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