Préambule :
Dans tous nos articles, notre point de vue est en général d’apporter une note plus “nordique” aux comparaisons mythologiques  ou folkloriques (en tant que résidus post-évangéliques) parce que leur influence fut bien plus importante que les habituels commentaires le laissent supposer. Mais cette prégnance dans toute l’Europe*, et même dans des pays où les “invasions germaniques” ne furent pas aussi importantes qu’en France, ne s’explique que par une unité de culture antérieure à l’installation de la nouvelle et exotique foi chrétienne : ne sommes-nous pas tous des “Indo-Européens*” ?… Ne doit-il donc pas s’agir là d’une “exception culturelle” ?




« Les jours de triomphe, on entourait
les caducées d’une couronne de Laurier1. »

LE CADUCÉE


         Sous l’influence du relativement récent “caducée des médecins”, le caducée est figuré de nos jours par un bâton entouré de deux serpents et surmonté d’un soleil ou d’un miroir qui serait, selon Gilbert Durand, un “symbole lunaire de réflexion2”:
          « Les serpents sont ici le symbole de la
triple fonction de fécondité, de cycle et de mort. » Mais, concernant la figuration du soleil nous supposerons, pour notre part, qu’il s’agissait à l’origine d’une lentille d’ambre* 3, objet dont nous étudions l’utilité dans l’article de même nom ainsi que dans celui traitant de l’Irminsul* et celui du Feu* nouveau…

Étymologie : Le mot caducée vient du dorien Kérukéion, “insigne de héraut”. En pré-indo-européen °Kar est un “rocher” (gnomon ?) et en sanscrit Karu signifie “chanteur, poète” (un “crieur du Temps” sans doute?). Mais l’étymologie indo-européenne indique *deuk “conducteur”, latin dux, italien duce, français Duc, aqueduc, viaduc.
C’est donc à l’origine le bâton de commandement d’un Initié* (cf. le Bâton de Maréchal), ou/ et un sceptre militaire, et cela correspond alors au sanskrit Danda.

En Hyperborée* (Atlantide* boréenne) :


         Dans la mythologie nordique, Hringvölnir, le géant qui a un bâton avec un anneau, figure le printemps (Simek). Par ailleurs, nous trouvons Gnaa qui est l’une des servantes de Frigg, “celle qui porte les messages”. Son nom est difficile à décrypter, mais nous croyons pouvoir le rapprocher de Ing-Ng, Rune* , le Dieu Ingvi-Ingwas, qui signifie “descendance” comme on dit “sortir de la cuisse (méros) de Jupiter”. Car quel est le meilleur messager que le Roi puisse envoyer à son adversaire pour parlementer ou pour faire un “combat des chefs” plutôt qu’un conflit général, ou bien encore comme “otage sacré”, ce qui veut dire "hébergé dans une famille noble comme garant de la parole donnée concernant un accord, un traité” ?
         Bien sûr, ce sera son propre descendant, son fils (ou sa fille4) porteur d’un Caducée-Irminsul* indiquant ses nobles origines boréennes qui inspirent le respect à tous. Ceci nous confirme donc que le caducée était l’emblème des Hérauts, des envoyés, messagers 5 ou ambassadeurs dont la personne était sacrée*. Et c’est alors qu’il nous faut remarquer, qu’au sens strict, ces ambassadeurs “polémiquent” entre eux !

         Ne croyez pas qu’en parlant d’un Caducée-Irminsul nous allons trop loin : une lecture attentive des icones, une “lecture d’image” comme on dit une “lecture de texte”, nous montrera dans le bâton de Zeus*, d’Apollon* sur son char, ou des Hérauts séparants les combattants, la même lance que celle d’Odhin/ Wotan*, l’angon de nos ancêtres Francs : un Irminsul finissant sur un anneau. Nous consacrerons un article entier à étudier cet Irminsul* et ses illustrations vous donneront grandement à réfléchir

         Cependant, tout semble indiquer qu’à l‘origine de cette civilisation maritime (cf. art. Salasses*/ Thalasses) ce bâton enrubanné ait pu être une quenouille 6 – celle d’Héra (du Marais) ou de Frigg sa parente nordique – avec sa filasse retenue par un ruban, on comprendrait mieux alors que – c’est la Mythologie qui nous l’apprend –  “Zeus a pris son sceptre à sa compagne”.

         « Une des représentations traditionnelle de (la Rune) Hagal est le caducée, ce bâton (Yggdrasil) entouré de deux serpents. D’ailleurs, une rune* du futhark anglo-saxon, ior, a une forme quasi identique à Hagal, elle signifie serpent, et l’on retrouve son nom dans Jörmungand7. » Arnaud d’Apremont, Yggdrasil. (cf. aussi notre article Justice* et § Frigg in art. Wotan*).

         En effet, le symbole* réduit des rubans ou du drapeau blanc au bout d’un bâton est un signe universel de demande de Triève et Robert Graves pense que « les trois rubans blancs de messagers fixés au baton d’
Hermès* furent pris à tort, par la suite, pour des serpents, parce qu’il était aussi le messager d’Hadès (!) »

Màj 21 juin 04, Hermès : Mais, peut-être s’agit-il ici d’un Mythe astral… càd stellaire : Lyre et Caducée/ Bâton (les trois étoiles de la ceinture d’Orion) qui servait autrefois au calage annuel du calendrer Luni-solaire au printemps! cf. René-André Lombard, Atlantis rev. 337 et 343 ! (À ce sujet, cf. supplément [davorphe.pdf])

          Par contre, la symbolique complète de notre
Arbre de Mai exige la présence des rubans torsadés comme serpents sur le mai, ou dans la roue* comme serpents chthoniens qui dessinent le svastika* sacré au sol, mais surtout comme commémoration du terrible souvenir du dragon*/ Wurm, cette terrible Niddhogr qui détruisit l’Atlantide* boréenne.
         Mais, nous verrons plus loin que dans notre monde trifonctionnel*, les symboles* s’expliquent toujours selon trois niveaux, par triades sacrées* : cela est tout à fait conforme à “la logique du tiers inclus” que pratiquaient nos ancêtres, tandis que la symbolique “spiritualiste” indique que : « le thyrse de feu*, baguette surmontée d’une pomme de pin, symbolise l’axe occulte aboutissant à la glande pinéale (du lat. pinéa “pomme de pin”) là où se situe “le troisième oeil”. C’était l’attribut mystérique de Dionysos, au même titre que le caducée était celui d’Hermès. » P.-Y. Guillaume, Sig (roman initiatique), éd. Edda 1997.


C’est ce que nous voyons sur sur ce trinêtre° gallo-romaine de Reims
où Hermès*-Mercure porte caducée sur l’épaule


Partons pour la Grèce où « Oreste le montagnard (d’Ouranos)n arriva, la tête couronnée de fleurs et tenant une branche de laurier tressé de laine8 pour montrer qu’il était sous la protection d’Athéna, se rendant à Delphes… »

Toujours dans la Mythologie*, Rhéa (“écoulement, fleuve, épuration”, même racine que Rhin et Rhône), se change en couleuvre (voir art. Mélusine*) pour éviter les poursuites de Zeus*, mais il se change lui aussi en serpent. Survient alors Hermès* (Lug) qui les réunit pour leur étreinte comme sur la “verge ailée9”, la “baguette magique10” que lui donna Apollon* en échange de la lyre à sept cordes (qui permit la gamme diatonique ou gamme européenne) 11. Nous verrons à l’article traitant de l’Irminsul* d’autres aspects de ce “bâton magique”.




         Sur cette illustration “alchimique” on pourra remarquer l’instrument de mesure astronomique en croix° de Lorraine à cinq barreaux que tient ce jeune Mercure “Dieu des Astres” (un dieu récurrent que nous verrons ailleurs ravigoter les victimes du déluge* européen), nous remarquerons aussi que l’oiseau de droite apporte un Escarboucle héraldique (étoile à huit rais ou Rose de Wotan, ou encore Muhlespiele), tandis que l’autre tient en son bec le “signe de la balance” W, le Thula (des Sages de Thulée) !
         Sur de nombreuses peintures sur céramique il est aisé de voir une sorte de caducée sous forme d’une quenouille de Frigg (cf. supra) surmontée d’un miroir, miroir dont nous découvrirons l’importance dans les articles traitant de la Mélusine* et du Caducée, le Spiegel ou “Recueil du Droit germanique païen” (cf. l’excellent décryptage du conte de Blanche Neige, artr. Mythe*)…

         Dans les rites nocturnes de fécondité, appelés orgies sacrées*, nous verrons à l’article traitant de la sexualité*, comment les Ménades repoussaient les intrus avec leur Thyrse 12, baguette fleurie surmontée d’une pomme de pin – ou d’une grenade – symboles de fécondité solaire de par leur forme et par les nombreuses graines rose-aurore* qu'elles contiennent – thyrse enrubanné de pampres de vigne et de bouquets de feuilles de lierre13, signes d’ivresse sexuelle.
        Comment ne pas reconnaître là, à nouveau, notre symbole* cosmogonique et la hiérogamie* qui l’accompagne avec, cette fois-ci, une pratique populaire, communautaire* et nocturne ? D’ailleurs Pennick (in Magie du Nord, Pardès) nous dit que chez les Nordiques : « faites d’une baguettes de noisetier ou prunier d’une coudée, elles étaient consacrées à Freyr (fertilité) et quelques unes étaient gravées d’un phallus ! »

De même, à Rome : “le caducée fut remis à Bacchus après qu’il eut réconcilié Jupiter et Junon”. Ces deux mythologies répètent donc un mythe* antérieur indo-européen* datant d’évidence d’avant leur Dispersion…
         Par ailleurs, « Suivant d’anciennes autorités, les Italiens adoraient des “bâtons pelés 14” comme des dieux* ou des effigies des dieux ; toutefois une telle explication ne semble guère qu’une hypothèse étymologique pour expliquer le mot delubrum. » Servius/ Virgile (mais, après ce que nous venons d’apprendre, son opinion nous semble bien réductrice…)



Chez les Celtes : En Gaule, la plus puissante des déesses mères*, Rosmerta, porte elle aussi le caducée ! Et “le bâton de commandement de Montgaudier en Saintonge15, possède deux serpents « avec la tête glandiforme de l’un, et la boucle (vulve) de l’autre » symbole de la Déesse Mère*, déesse de la fécondité”. 
         De même, sont les deux serpents “soudés”, gravés sur une lame de côte polie, trouvée en 1923 dans la grotte des Rideaux à Lespugne dans la Haute-Garonne, dans le même niveau “aurignacien” que la célèbre Vénus stéatopyge en ivoire.

En Asie Mineure : Il est un « Symbole* des plus anciens, dont l’image se trouve déjà gravée sur la coupe du roi Gudéa de Lagash, en 2600 AEC, et sur des tablettes de pierre appelées en Inde Nagâkals16 . » Dictionnaire des Symboles, Chevalier, op. cit.
         Nous avons aussi, dans la Bible, le bâton de Jacob et le “bâton aux serpents” de Moïse l’Égyptien 17, dont les figures furent progressivement déformées par les copistes de la Torah pour faire d’eux les “magiciens*” de leur ethnie…

Chez les Ossètes : nous trouvons aussi le caducée dans le “rameau de paix” qu’agite le Sencha Móz.

Aux Indes : rappelons que le parent du caducée est le bâton Brahmanique : les deux Nâdi autour du Sûshumma Tantrique, en effet : « Dans la tradition hindouiste, les deux courants de la force cosmique sont représentés par le Brahma-danda ou le bâton brâhmanique composé de deux hélices enroulées dans des sens opposés autour d'un axe vertical symbolisant, comme toujours, l'Axe du Monde. Les deux hélices se rencontrent le long de l'axe en sept lotus ou nœuds qui doivent être dénoués pour atteindre la pleine Connaissance. » (comment ne pas penser ici à la double hélice des gènes, de Criks et Watson ?…)

Màj 21 juin 06 : « Dans les enseignements ésotériques Hindou et Bouddhiste, le Caduceus représente les deux énergies spirituelles ou les forces de guérison qui parcourent l'épine dorsale humaine de haut en bas.

Plus loin vers le Soleil Levant
, ce sera “la double circumambulation d’Izanagi et Izanami, les deux créateurs mythiques des îles japonaises” : si on ne dit pas dans ce mythème “du peuple japonais”, c’est qu’ils venaient d’ailleurs !
          Deux îlots représentent ces fondateurs : les falaises Meoto ou falaises du mariage, dans la presqu’île de Shima. Ils sont reliés entre eux par une corde de paille de riz à pompons, qui est renouvelée à chaque Nouvel An, ce qui n’est pas sans rappeler le rôle de la cheville et du clou dont nous parlons par ailleurs, tant à Sumer qu’en Europe* antique. Le plus grand îlot, Izanagi est surmontée du traditionnel portique, le Torii (!) qui ressemble au “” atlante* (et basque*) : comme est étrange ici ce signe d’Atlas !
          Le paganisme shintô – religion* propre au Japon, antérieure au bouddhisme (introduit au VIe s.), qui honore des divinités personnifications des forces de la nature, les ancêtres et l'empereur – est donc très naturaliste et sans doute bien proche des origines (plus tard, le moralisme bouddhique tardif – cependant moins destructeur que le Christianisme – en fit le Zen). Cf. art. Déluge* et Origine* Polaire.
          « Tressée en paille de riz, la corde est sacrée pour les shintôïstes japonais car elle ferme les endroits sacrés aux esprits malfaisants. » P. Canavaggio, Dictionnaire des superstitions, Dervy 1993. (cf. notre ruban Vébond nordique qui délimite le tertre sacré où se déroulaient nos rites* astrologiques*)





Dans nos folklores : Il faut remarquer la parenté de ces serpents chthoniens avec les deux queues de la Mélusine* qui ne sont autres que les deux serpents cryocéphales, c’est à dire à tête de bélier et à queue de poisson, qui accompagnent le grand Dieu* pré-celtique Cernunos* sur nombre de sculptures comme à Sommérécout, Autun ou sur le chaudron de Gundestrup ; personnalisés à Vendeuvres-Bourges (supra) et, en fin d’évolution, symbolisés par le taureau et le cerf à Reims (plus haut). Nous voyons dans l’article Astrologie* nordique leur rapport avec le Cercle de l’Année/ Ouroboros*…
         Ils sont opposés mais complémentaires et à eux trois figurent la tri-fonctionnalité* chez le trinêtre : le Dieu-Père, Dis Pater, Jus Pater qui symbolise* la première fonction* dite de commandement/ initiation ; un dragon* crachant l’air et le feu, représentant le séisme Nordique ou (et) la deuxième fonction* dite de protection ; et enfin, un serpent chthonien souterrain et aquatique figurant le raz de marée mais aussi la fécondité retrouvée de la terre qui était “gastée”, et représente la troisième fonction*, Mélusine* !
          « Dans de nombreuses localités du Nord de la France, la messe du 25 novembre était offerte par le groupe des jeunes filles. Au cours de l’office, la “maresse” ou “mayeuresse”, présidente de la jeunesse féminine, portait
le “clipon” ou “chiron”, sorte de bâton de confrérie décoré de rubans et surmonté d’un “flambeau de cire” qu’entourait une couronne de fleurs artificielles. Après la messe, la maresse désignait sa remplaçante, “la fille la plus méritante”, qui exercerait cette fonction jusqu’à l’année suivante. Après le bal, l’ancienne bâtonnière18 offrait un repas auquel était conviée toute la jeunesse féminine. » Marie France Geusquin, Le culte des saints, Collectif in Le Monde indo-européen*, Brépols (B).

         “Dans la fête folklorique des Fécos de Limous (Aude), le rituel est immuable : les Fécos, musique en tête, font le tour de la Grand’Place en pivotant lentement sur eux-mêmes et, d’un petit coup sec du poignet, ils créent un “noeud de vibration” avec leur carabène qui est un roseau orné d’une spirale en papier et terminé par un serpentin, symbole stylisé du fouet des célèbres meuniers de Limoux au XIVème siècle. Parfois, les Fécos posent leur “crosse” sur une épaule choisie dans la foule, soit en signe de bénédiction, soit par facétie” (ou par… admiration)…”

Folklore militaire : Nous pensons, après mûre réflexion, que c’est cet emblème des Hérauts qui est resté dans le folklore militaire, chez les Allemands en particulier, sous forme du Schellenbaum que l’on trouve agrémenté d’un xylophone19 en forme de la fameuse lyre vue plus haut, et avec la traditionnelle paire de cornes d’aurochs des visées solsticiales (cf. Palais de Knossos – Connaissance – Crête), et aussi les queues des chevaux Hengist et Horsa, version locale (et quelque peu hunique) des “ailes” de l’Irminsul*. D’autres types de cet instrument possédant un cône à clochette (que nous appelons bizarrement chez nous (!) chapeau chinois20 – il faut bien se singulariser – et les Anglais “Jingling Johnny”, c’est mieux) sont toujours surmontés de l’Angon de nos ancêtres Francs : la fleur de Ly(s)/ Irminsul* (cf. aussi art. Blasons*).

Màj 21 juin 04 : Pour compléter ce folklore militaire signalons la Zapfenstreich – “couvre-feu” – qui est le nom allemand d’une “sonnerie militaire” de fifres en dissonance mêlée d’une assourdissante “batterie”, bien digne d’un vol de striges (cf. # Vampire* in art. Bestiaire* des Dieux) sur le Champ de Mars : elle avait lieu avant la trêve des Hérauts/ Ambassadeurs portant Caducée, et les musiques militaires jouaient pendant toute la durée de l’ambassade. Quoique (presque) tous les disques de musique militaire allemande ancienne ou moderne contiennent une “Zapfenstreich”, fort peu d’Allemands (si ce n’est aucun) connaissent l’origine réelle de cette tradition…
         La présence de ce Schellenbaum en tête des musiques militaires rappelle donc leur rôle d’apaisement,  d’annonciatrices de trêves – pendant lesquelles les ambassadeurs, caducée en main, tenteront de trouver un solution pacifique en polémiquant… plutôt que la morgue victorieuse qui est plus le fait des “triomphes” romains où l’on jette avec mépris les armes et les enseignes de l’ennemi vaincu au pied d’un quelconque César disant : “Vae victis” 21 ! »
          Mais, en nos jours de “droits de l’homme” (massifié et alibi), on ne respecte plus son adversaire : on le détruit, on l’élimine, on l’éradique, on le diabolise ! Et on fait payer à sa femme et à ses enfants sa juste résistance à défendre le sol de Ses ancêtres (Dresde, Hiroshima, Bagdad…)

MàJ du 21 juin 07 :
Ce fut lui qui aida Adraste à retirer les corps des guerriers tués au siège de Thèbes, non, comme le dit Euripide, en gagnant une bataille sur les Thébains, mais en les persuadant de faire une trêve. C'est ainsi du moins que la plupart des historiens le racontent. Philochore prétend que cette trêve est la première qu'on ait faite pour retirer les morts après une bataille. Cependant Héraclès, comme je l'ai dit dans sa vie, fut le premier qui rendit les morts à ses ennemis. Les soldats d'Adraste furent enterrés dans le lieu appelé Éleuthères, où sont encore leurs tombeaux, et les chefs à Éleusis, Thésée ayant bien voulu en accorder la permission à Adraste. Ce qu'Euripide avance à ce sujet dans sa tragédie des Suppliantes est contredit par Eschyle dans celle des Éleusiniens, où Thésée lui-même rapporte ce que je viens de dire. » Plutarque-Thésée (qui portait caducée, cf. XXII !!!)




LE CADUCÉE MÉDICAL

         Dans l’article Blasons* nous avons vu que les apothicaires portaient un mortier de bronze avec son pilon. De leur côté, les médecins n’ont adopté le caducée ci dessus que fort tardivement pour ne pas dire récemment : la baguette de celui-ci, qui n’a guère de rapport avec l’antique, est entourée des deux serpents chthoniens d’Esculape le médecin que nous retrouvons sous forme des rubans entrecroisés sur l’Arbre de Mai, et elle est sommée d’un miroir* qui, par ailleurs, est présent chez les Seraines* atlantes, les Mélusines* et chez le héros flamand Eulenspiegel (cf. § “kala” in art. Troubadour*) mais, celui-ci est en rapport avec ce vieux recueil des lois païennes : Der Spiegel.



         Le célèbre médecin grec Asklépios, l’Esculape des Romains, est « celui qui prend en main la baguette magique qu’il reçut de son Maître et Père es Médecines, Apollon*. » Il était tellement apprécié de ses concitoyens que les Dieux* l’appelèrent parmi eux mais, à l’époque d’Homère, il n’était pas encore considéré comme un Dieu.

         Si l’Art des médecins a pu passer pour magique* auprès des âmes simples, ce que nous pouvons comprendre, quel rapport cela aurait-il avec la baguette des Hérauts, le Kérukéion puisque nous voyons sur ce dessin qu’
il s’agissait d’une torche – en fait celle d’Hygie la Déesse de l’hygiène – ou d’un bâton de pèlerin sur lesquels était enroulé un serpent mort et séché comme insigne de sa fonction de “Maître des poisons”. Ceci nous rappelle que lors de leur intronisation, les impétrants de l’Ordre devaient passer une nuit de réflexion en compagnie des serpents dans la crypte de la Tholos d’Épidaure ! Et l’on peut se poser la question : pourquoi ?

         « Le principal symbole* du pouvoir thérapeutique est le serpent d’Asklépios (…) Aux plus hautes époques grecques, à l’époque minoéenne, on rendait même un culte aux serpents (cf. la Déesse aux serpents)n (…) Le mouvement rapide du serpent, malgré l’absence de membres, intriguait et sa mue périodique était un signe d’embellissement constant, de renaissance et de perpétuelle jeunesse, depuis toujours souhaitée par les hommes, d’immortalité enfin. En même temps la mue était le symbole d’une régénérescence corporelle après la maladie et, de ce fait, le signe de la guérison médicale. Le serpent était, comme porteur de guérison et sage ainsi que, d‘après la tradition, particulièrement bon connaisseur des herbes médicinale. C’est ainsi qu’il devint le symbole des forces terrestres autour du bâton du dieu archaïque. » Reinhard Struckmann, Épidaure et Corinthe, importants centres médicaux de l’antiquité, éd. Kasas, Athènes 1990.


Mercure Ithyphallique “à l’autel-caducée”
(On remarquera bien ici que ce sont deux serpents)


         Mais, revenons au caducée des médecins : Frazer nous dit que « les serpents ont pris la place des rubans blanc du caducée bien plus tard », pourquoi ? Remarquant que la médecine ne fit jamais autant de progrès que lors de nos guerres – bien souvent fratricides – on peut penser que ce corps médical était lui aussi protégé sur les champs de bataille par le port du caducée (comme la “croix rouge” du Suisse Henri Dunan le leur permet de nos jours) et, nous voyons d’ici leur long “char–ambulance” muni d’un caducé geant comme une enseigne d’autant que, dans l’antiquité : « on mettait un Thyrse entre les mains du mort pour qu’il ait du bonheur dans l’autre vie », souhaitant sans doute que les dieux de la fécondité appellent son anima à une nouvelle Vie : n’était-ce pas là le rôle d’Hermès/ Hermöd lorsqu’il se rendait dans l’Hadès/ Hell ?
         Alors, que dire des ailes qui agrémentent le caducée des médecins actuels ? Ce sont celles d’Hermès*/ Mercure, en messager de l’au-delà ; voilà qui est moins gai, mais qui demeure cependant assez médical : on devine ici que le malade a souvent autant à attendre de l’art médical que… de la Mort : c’est le Destin* !


Màj 21 juin 06 (Solstice d’été), vu sur le site suisse < runes.ch > :

          «« Le mot "caducée" vient du sanskrit Kàrù/ chanteur ou poète. Repris par le grec sous la signification "hérault" ou "messager officiel". Le mot latin "caduceus" signifie "bâton de pélerin". Le caducée d’Hermès/ IRMIN, porté par les hérauts (ménestrels, troubadours, qui rend leurs personnes inviolables), symbolise la conscience absolue de l’être-arbre-monde-colonne/ SUL et sa Vouivre androgyne unifiée (polarité masc/ fém) enlacée. Dans le caducée d'Asclépios (médical), le bâton est surmonté de la coupe d'Hygie (fille d'Asclépios et déesse de la santé), dans laquelle un seul serpent (où se trouve l’autre ?) crache son venin (préparation de remèdes). »»

   

Les serpents du Cours du Soleil ou Cercle de l’Année :


         
Struckmann rapproche les serpents entourant le soleil qui figurent sur le bas d’une colonne de Pergame (infra) à ceux d’Ésculape et nous pouvons alors nous poser la question : quel est le rapport entre la médecine et le Cercle de l’Année ?
          Il nous semble que ce pourrait-être deux choses :

- 1/ Tout d’abord, sur un plan plus mystique : la guérison est une renaissance à la Vie, une Épiphanie, comme celle du Soleil au moment du Solstice d’hiver lorsque survient la “nouvelle clarté” Neu Helle (Noël cf. art. Fêtes*) et c’est ce que figure ce bas de colonne de Pergame à gauche, mais aussi le symbole “vieux chinois” de droite qui signifie précisément “résurrection” ! On remarquera ici les deux demi-années (ouroboros*) qui sont jointes au point culminant par le soleil “dominant” au Solstice d’été !

- 2/ Sur un plan plus prosaïque, Asklépios accordait une part importante de son Art aux influences saisonnières du climat sur l’état de l’organisme et sur les maladies : à ce sujet, on parle aujourd’hui de “susceptibilité météorologique”…


22


Un Sceptre ?


         “Bâton” (de commandement), certes, cependant le mot grec skeptos signifie “coup de foudre” (de Zeus) ! Cf. aussi les art. Symbole* et Zeus*.
         « Skêptron – rappelait l’indo-européaniste Benveniste – est le nom d’instrument du verbe skêptô dont le sens propre est “peser de tout son poids” sur quelque chose, y trouver appui. De là le sens dérivé du verbe : “se justifier en s’appuyant sur un fait établi”. Avant tout le skêptron sera le bâton sur lequel on pèse, le bâton d’appui, de marche du messager, c’est à dire du
porteur d’une parole autorisée. » Raynal Sorel, Les Cosmogonies grecques, Que sais-je 2882, PUF 94.

Chez nos ancêtres Germains* : « Le sceptre établit une relation plus précise entre le roi et le dieu. À l’origine, le sceptre royal est l’Ahnenstab, un bâton que l’on se transmet23 de génération en génération. Il atteste la continuité des familles et des clans* (Sippe) à travers le temps et figure dans les accessoires du rituel en usage lorsqu’on prend possession d’une terre ou lorsque on décide de la quitter. Une lignée noble (cf. art. Aristo*) et illustre peut même faire sculpter à une ou à chaque extrémité de son sceptre un “portrait” de l’ancêtre dont elle se réclame. Tenir en main le sceptre revient alors à se proclamer pleinement l’héritier de l’ancêtre dont le prestige et l’autorité rejaillissent avec toute la force immémoriale de la tradition sur le descendant. » J.P. Allard, La royauté wotanique des Germains, revue des Études indo-européennes, n° 2.





          Ce socle d’Hermès* nous le montre près d’une colonne/ style surmontée d’une Couronne/ Cercle de l’Année (y a-t-il 12 constellations zodiacales/ roue de la Vie?) et centrée d’un Soleil : Hermès traverse ce “passage vernal”… – gr. pacha, d’où le mot pâque – puisqu’il est en compagnie du Bélier ! Et, évidemment, avec son Caducée* porté fièrement sur l’épaule comme marque des oracles, certes, mais surtout comme message affiché pour tous du passage de l’An Nouveau (qui se produisait autrefois au printemps, souvenir des vieux calendriers lunaires et d’une année à deux saisons, belle et froide). Le ruban de son “bâton” porte le nœud plat d’Hercules, Nœud* sacré s’il en fut, et qui lie les deux boucles/ saisons entre elles dans une année complète.
          Plus tard, après l’adoption du calage de l’année solaire sur le solstice d’hiver qui, sur un cadran solaire, est considérablement plus précis que celui des équinoxes, ce symbole devint l’Ouroboros* runique* à 24 signes et le Nœud fut remplacé par la tête de la terrible Niddhog, qui est aussi au firmament dans le triangle du Taureau, immonde Wurm 24, atroce ver engamant l’ancien Monde lors du Ragnarök des Nordiques ou Gigantomachie de leurs descendants grecs, les Doro-Héraklides.

Mise à jour du 21 juin 07 : «« XXII. Quand ils furent près de l'Attique, Thésée et son pilote, transportés de joie, oublièrent de mettre la voile blanche qui devait être pour Égée le signe de leur heureux retour. Ce prince, qui crut son fils mort, se précipita du haut d'un rocher et se tua. Cependant Thésée, étant entré dans le port de Phalère, s'acquitta d'abord des sacrifices qu'il avait voués aux dieux* en partant ; ensuite il envoya un héraut à la ville, pour y porter à son père la nouvelle de son arrivée. Le héraut trouva sur son chemin un grand nombre de citoyens qui déploraient la mort du roi ; mais beaucoup d'autres le reçurent, comme il était naturel, avec de grandes démonstrations de joie, et lui présentèrent des couronnes pour l'heureuse nouvelle qu'il leur apportait. II accepta les couronnes ; mais, au lieu de les mettre sur sa tête, il en entoura son caducée. Il retourna tout de suite au port ; et comme Thésée n'avait pas encore achevé le sacrifice, il se tint en dehors du temple*, afin de ne pas le troubler. Quand les libations furent faites, il lui annonça la mort de son père. A cette nouvelle, Thésée et toute sa suite montèrent précipitamment à la ville, en gémissant et poussant de grands cris. De là vient qu'encore aujourd'hui, dans la fête des Oscophories, on ne couronne pas le héraut, mais seulement son caducée, et qu'après les libations, toute l'assemblée s'écrie : "Eieleu ! Iou, lou ! " Le premier cri est celui de gens qui se hâtent et qui sont dans la joie ; le second marque l'étonnement et le trouble. Thésée, après avoir rendu les derniers devoirs à son père, accomplit ses voeux à Apollon*, le jour même de son arrivée, qui était le sept du mois de Pyanepsion. L'usage, qui subsiste encore à présent, de faire bouillir ce jour-là des légumes, vient, dit-on, de ce que les jeunes gens que Thésée avait heureusement ramenés firent cuire dans une même marmite tout ce qui leur restait de vivres, et les mangèrent ensemble. On porte aussi dans ces fêtes une branche d'olivier entourée le laine, et semblable à celle qu'avait Thésée avant son départ, lorsqu'il fit sa supplication aux dieux* ; elle est garnie de toutes sortes de fruits, parce qu'alors la stérilité cessa dans l'Attique ; et l'on chante les vers suivants :

O rameau précieux, tu portes du froment,
Des figues et de l'huile, et du miel excellent ;
De ce vin qui procure un sommeil salutaire
En toi nous chérissons une source prospère.

          D'autres veulent pourtant que ces vers aient été faits pour les Héraclides, lorsqu'ils furent nourris de cette manière par les Athéniens. J'ai suivi la tradition commune. » Plutarque-Thésée

Cependant, « Les Grecs de la période classique disaient que le nom de leur dieu* Hermès* 25 dérivait d'Hermêneus "
celui qui interprète et aide à comprendre 26 " (ce qui est bien la signification de “l’oracle”)n. Ils savaient aussi qu'Hermès ne décèle ses secrets que pour celle ou celui qui a des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. Pour cela son langage est “hermétique”, ce qui voudra dire, pour certains, impénétrable27. » Remercions ici Marol – de qui est cette citation – dicton qu’il fallait impérieusement suivre pour “déceler” la signification symbolique de ce socle hermaïque…

1ère émission le 20 nov. 2001, mise à jour le 21 juin 07



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