D’HERMÈS-MERCURE
À LUG (#1) & LOKI  (#2)

1ére PARTIE :


          L’enseigne d’Hermès est un taureau 1 ithyphallique (cf. art. Blasons*2 ) mais, nous reviendrons sur ce caractère sexuel*, fécondateur, qui en fait partiellement un Shiva occidental.

Symbole des forces médiatrices entre deux univers : sur ses menhirs/ gnomons si ce n’est cadrans solaires, on voit d’un coté des serpents entrelacés et de l’autre un phallus en érection comme double symbole de fécondité, mais ce “voyageur de l’au delà (qui est “l’eau de là” des Troubadours en leur langage des “oisels ou oiseaux”) a aussi un rôle de messager des Dieux*, des Heures, donc du Destin*.


Rite* : « Les Hermaï sont couronnés, enguirlandés3 et entourés d’offrandes, et on leur consacre des danses* rituelles » (cf. aussi art. Caducée*).


Pour les Grecs de l’époque archaïque « Hermès était le fils de Zeus* d’Hyperborée et de Maïa, nymphe d’Arcadie (l’originelle, celle du septième Arc ou septentrion)n, l’aînée des Pléiades filles d’Atlas (Alt-Ase “le vieil Ase”)n et de Pléioné (la navigatrice, mère des Pléiades)n. »
          Précision : “Hermès a été conçu par eux dans une grotte-source qui était la demeure de Maïa” (cf. les art. Déesse Mère*, Vierge Noire* et Mélusine*) : « Hermès*, né sur le mont Kulléné en Arcadie – c’est à dire sur la cavité (kula) ou sur la montagne ondulante (kuliô) des cieux – était l’Arcadien (…) et le caducée* de Mercure fut par conséquent appelé “la
corde arcadienne”… »
          Ne s’agirait-il pas, “par hasard”, d’une grotte portique servant à repérer les levers héliaques ? Ou de son substitut, le Dolmen de visée de la “nouvelle clarté” Neu Helle au moment du solstice d’hiver ? Cette naissance pourrait donc avoir été une… Initiation* à moins qu’il ne s’agisse là que d’un symbole*… solaire : la renaissance du récurrent Printemps !
          En effet, Hermès est manifestement un doublet d’Apollon, mais ce frère bâtard d'Apollon était un rusé et un menteur, le “rusé, maître des animaux, des voyageurs et des morts ; roi des marchands”. “Feu follet" et "tour de main4 ", étaient ses surnoms, et son goût de l’entreprise et sa ruse de prestidigitateur en firent aussi le patron du commerce et des voleurs5 : c’est là une description qui en fait un vrai jumeau méditerranéen de l’affreux Loki des Nordiques que nous envisagerons un peu plus loin (rappelons-nous que les transfuges Doriens descendaient du Nord !)…


Fonctions : Hermès Karnéios – c'est aussi un qualificatif d'Apollon – est, par cet épithète, en rapport avec la corne CRN. Ceci n'est pas sans jonction avec "la déesse Carnéia qui protège les gonds de porte" et nous oblige à poser la question : Hermès, venant du Nord, fut-il l'inventeur ou introduisit-il les gonds en Grèce. Cette parenté de la corne et du gond permet de supposer que les premiers gonds furent composés de cornes fichées dans le mur, pointe en l'air, et que les pentures étaient des pièces de cuir replié, clouées sur la porte. Cet hermès des carrefour est donc aussi celui des portes et probablement celles des villes qui assuraient la sécurité de la communauté* et l’on connaît leur valeur rituelle tout comme celle des portiques sacrés.
          Mais c’est sans doute là son rapport aux Portes6 de l’Année, portique par lequel s’introduit Janus bifrons en rapport avec la visée du solstice d’hiver qui permet de recaler le calendrier lunaire sur la naissance du Dieu-Fils soleil : c’est ce qui expliquera ce rôle particulier qu’il a comme Mercure gaulois : un orienteur ? certes, mais astronomique !…

          Les Hermaï sont bien à l’origine – des pierres placées au bord des chemins ou en lisière des champs, des cairns (CRN) servant à l’orientation des voyageurs et des commerçants ce qui est sans erreur le rôle de certains dolmens (cf. notre art. Pierre à Cupule*).
          Dans les croisements, il guidait nous seulement les vivant les guidant sur les layes en Étoile à huit raies ou Rose de Wotan, mais aussi les âmes, du monde des vivants chez les morts et vice-versa, comme en Égypte le faisait Thot-Ibis son proche équivalent


Màj proposée par fdes1@hotmail.com : « Thoth, dont les Grecs firent Thot-Hermès, passe pour l’inventeur des lettres, mais aussi pour le promoteur des sciences exactes et de l’Alchimie* que l’on peut considérer comme notre Physique générale avec, en plus, des notions relatives à des forces “sympathiques” qui nous échappent et qui étaient utilisées en magie* (cf. notre article de ce nom)n. Sous le nom de Trismégiste, il passait pour avoir écrit 36.525 ouvrages selon Manéthon, ou 20.000 selon Jamblique : il s’agissait donc d’une école (initiatique)n et non des moindres. » Gattefossé R.-M., Les Sages Écritures, Derain Lyon 1945.

          En ces temps là, on disposaient des bustes d’Hermès sur un pilier quadrangulaire (comme un pal, gr. pylos) aux carrefours des sentiers et des layes forestières et, de ce fait, Hermès était dit biviae7, triviae ou quadriviae. Leur rôle face à ces layes est gnomonique à qui sait voir la Vérité* (aléthéia : “absence d’oubli”) et nous avons vu cela dans notre article étudiant l’Astrologie* des Nordiques !

          Caché dans la cendre du foyer, « Hermès est associé à Hestia la vierge, puissance du
feu central dans l'espace domestique, point fixe à partir duquel l'espace humain s'oriente et s'organise. » Marcel Detienne, Les Jardins d'Adonis, Gallimard, 72.
          Or, par l’intermédiaire du double sens du nom du nordique Loki (cf. infra) qui lui ressemble fort, nous savons
la relation entre le “feu” et la “parole” et nous pouvons relier ces deux autres citations de la Mythologie :
          « Lui aussi possède un savoir
oracle (“prononcer une parole rituelle, réponse des dieux”)n car il est un oracle en sa patrie, à Patraï en Archaïe, le vieux pays… »
          Et, « Les Grecs coupaient et brûlaient la langue de leurs victimes (Odyssée, IIIème chant) et elles étaient offertes à Hermès “Dieu de la Parole” (Initiateur* traditionnel)
n, ou à ses représentants humains les hérauts (Plutus, Athénée). » Et, comment ne pas penser ici au dieu gaulois Lug, lui qui lors de l'initiation, lie* ses auditeurs par sa parole sous forme de chaînes d’ambre* ?

          Sur un vase grec du IVe siècle AEC, on voit six femmes en cortège, conduites par Hermès pompaïos. Elles tiennent une oussine fleurie, c’est à dire une ramure de saule portant des chatons (fin mars, début avril chez nous). Cette Pompe ou Cortège a lieu en l’honneur d’Osia8 “la créature” qu’on trouva prisonnière ou enchâssée au milieu d’un saule “têtard” …(“était-ce dans le Grand Marais d’Héra ? C’est fort probable…)


Ousia, la “créature”


          Pan était le fils d'Hermès et de la nymphe Dryope9 “visage de chêne ou de la Connaissance” (ou, plus probablement et sans que ce soit contradictoire, "visage triple" c’est à dire un “trinêtre”). C’est lui qui inventa “tout”… et aussi la flûte pastorale… de Pan.


Étymologie d’Hermès : on trouve à ce dieu ithyphallique des carrefours une parenté avec harmos "joint, cheville", de l'indo-européen *Ar, aer, "ajustement". Avec le suffixe "sur", on a harm, d'où harmonia "chose bien agencée, accord" musical10.
          Nous retrouvons donc ici celui qui sut ajuster les bois de Cernunnos* (l'Alce élaphos) sur une carapace de tortue pour en faire – avec une peau de bœuf, des boyaux de chat et les chevilles de fer du devin Mente(s) – la toute première Lyre qu'il échangea contre le Caducée* à Apollon*.


Maj 13 juin 03. Hermès : Mais, peut-être s’agit-il ici d’un Mythe astral… càd stellaire : Lyre et Caducée/ Bâton (les trois étoiles de la ceinture d’Orion) qui servait autrefois au calage annuel du calendrer Luni-solaire (cf. René-André Lombard, Atlantis rev. 337 et 343) au printemps !

          C’est ce que démontre sans doute ce socle d’un Hermès gallo-romain qui nous le montre près d’une colonne/ style surmontée d’une Couronne/ Cercle de l’Année (y a-t-il 12 constellations zodiacales/ roue de la Vie?) et centrée d’un Soleil : Hermès traverse ce “passage” – gr. pacha, d’où le mot pâque – vernal… puisqu’il est en compagnie du Bélier ! et, évidemment, avec son Caducée* porté fièrement sur l’épaule comme marque des oracles, certes, mais surtout comme message affiché pour tous du passage de l’An Nouveau (qui se produisait autrefois au printemps, souvenir des vieux calendriers lunaires et d’une année à deux saisons). La "colonne repère" existe dans le ciel : c'est le Bâton formé par les trois étoiles de la ceinture d'Orion qu'on appelait autrefois les trois Sages/ Ases/ Druides, devenus les trois Magi/ Mageiros (sacrificateurs, cf. art. Magie*) conservés dans les légendes de l'Église* sous le nom de Rois Mages qui n'ont rien à faire, astralement, à la Neu Helle/ Noël. Le ruban du Caducée porte le nœud plat d’Hercules, Nœud* sacré s’il en fut, et qui lie les deux boucles/ saisons entre elles dans une année complète.
          Plus tard, après l’adoption du calendrier luni-solaire par le calage de l’année sur le solstice d’hiver, ce symbole devint l’Ouroboros* runique* à 24 signes et le Nœud fut remplacé par la tête de la terrible Niddhog – qui est aussi au firmament dans le triangle du Taureau – immonde Wurm11, ver engamant l’ancien Monde lors du Ragnarök/ Gigantomachie  :





Cependant, « Les Grecs de la période classique disaient que le nom de leur dieu Hermès dérivait d'Hermêneus "
celui qui interprète et aide à comprendre12 " (ce qui est bien la signification de “l’oracle”)n. Ils savaient aussi qu'Hermès ne décèle ses secrets que pour celle ou celui qui a des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. Pour cela son langage est hermétique, ce qui voudra dire, pour certains, impénétrable13. » Remercions ici Marol – de qui est cette citation – dicton qu’il fallait impérieusement suivre pour “déceler” la signification symbolique de ce socle hermaïque…


Dans la mythologie nordique
:
Hermès est Hermodr le hardi, “vaillant au combat”, fils d’Odhin/ Wotan*. C’est lui qu’Il envoie comme messager sur son cheval Sleipnir, pour chercher Balder, son frère prisonnier du Hel/ Néant (qui n’est pas l’enfer). Cet agile messager sut, avec l’aide de Sleipnir, franchir le Pont sur la Gjöll (ÅStyx), et sauter l’obstacle. Après plusieurs voyages pour parlementer avec les Dieux et Hella la gardienne du lieu – ce qui lui valut sa qualité de messager des enfers – finalement, il ramena Balder/ Soleil. Mais, il est habituellement plus connu sous le nom (post-évangélique et quelque peu celtique, lugien) de Loki le nuisible (cf. infra).

          Rappelons
le Meurtre de Balder (Å Apollon) : une seule plante, même pas ! un vulgaire drageon : le gui ! n’avait pas juré qu’il ne voulait pas de mal a Balder le Dieu-Fils solaire. L’infâme Loki l’apprit et fit tuer Balder14 par son frère aveugle Hœder (c’est le destin*) en lui faisant jeter cette petite branche de gui (cf.) comme une fléchette lors d’un jeu d’épreuve auquel participaient tous les Dieux* rassemblés…
          Nous verrions volontiers ici l’action du Ragnarök/ Gigantomachie que répétera plus tard le rite* de destitution du vieux Roi/ Soleil suivi de l’investiture du Dieu-Fils/ Soleil (Sonne-Sohn) lors de la cérémonie de la coupure (kronos) du Rameau d’Or de Gui loranthus et celle du fouettage d’un surgeon du vieux chêne pour la fête de l’épiphania ou “Nouvelle Clarté” Neu Helle !
          Loki, mais aussi Wotan* le voyageur sous le ciel étoilé des Nordiques, ont quelque chose d’Hermès (ce partage croisé des qualités et des épithètes – évident – fut déjà souligné par Raymond Bloch que nous citons par ailleurs dans l’article traitant des Dieux*).


A Rome, Hermès est Mercurius car, pour les Osques il était Merikui dont l’étymologie vient de la racine indo-européenne *merk qui a donné l'allemand Mark, l'anglais market, et le français “marcher, marché, marchand” et sutout “marque, marqué!” : cela nous montre bien son côté de dieu/ gnomon et accerssoirement des marchands itinérants (et des voleurs) qui fréquentent ce genre de place. On pensera aussi au cheval de monte mark, marc’h chez les celto-germaniques et les Marses, ces Romains voués à Mars, le dieu de la seconde fonction* protecteur des récoltes de la communauté* !

          Signalons aussi que, pour les Étrusques, il était Turms probablement en rapport avec les portes (solsticiales? C’est son rôle en Gaule) ce qui est évidemment plus proche du Dieu Terme des Romains dont on connaît aussi le rôle sexuel. On comprend mieux ainsi qu’il ait quelque rapport avec Termes/ Hermès : un “voyageur” à cheval qui fréquente les carrefours sacrés* en bon oracle des voyageurs.

          Son côté fécondateur est moins évident chez nous que l’est Shiva chez les Hindous, quoique la fécondation culturelle soit bien le propre des voyageurs de par les nouvelles qu’ils apportent – c’est d’ailleurs un des côtés manifestes de son équivalent gaulois Lug15 – et les nouveaux objets qu’ils transportent : Il est donc le “média” privilégié des acculturations réciproques

A la période classique il devint un eidolon (“image, idée qu’on s’en fait”) sculpté et on lui ajouta alors le casque – ou le pétase de laine – et les pieds ailés (zélés) ainsi que le bâton aux deux serpents appelé Caducée* qui était le symbole des messagers (cf. aussi art. Irminsul*).



LUG


Chez les Celtes gallo-romains, Mercure était un des dieux les plus populaires de la Gaule mais ce n’est certes pas comme dieu des marchands (ou des voleurs) mais comme Initié* qui connaît l’astrologie*/ astronomie*, comme magicien* qui nous dit les “Heures” et rythme la vie de la communauté* !
          
La sculpture gallo-romaine nous montre souvent un dieu moitié “gnomon” et moitié eidolon ou ayant
des bras en tel “Atlas portant le monde”, c’est à dire en dieu de la géographie et du repérage astronomique* – deux arts si utiles aux voyageurs – et il chevauche une roue au lieu de porter le monde comme chez les Grecs. Nous supposerons que ce concept indique le déplacement rapide et quotidien d’Apollon autour du “Moulin de la grande chanson”, le Monde-Zodiakos et que c’est cette “rapidité” qui est à l’origine de ses pieds ailés16



          Cette fonction astrologique (càd pré-astronomique) était restée très pure chez nos Gallo-Romains arvernes qui avaient sans doute rajeuni le “commerçant-voleur” romain avec leurs souvenirs druidiques du Dieu
Lug. Ainsi, un grand sanctuaire de Lug/ Mercure17 de cent pieds de haut (32 mètres) en position accroupie, couronnait le site sacré* du Puy-de-Dôme, qui était depuis bien longtemps une archaïque colline-ballon/ observatoire". L’ombre de cette statue-gnomon permettait de viser les levers héliaques sur le vaste horizon parsemé d’amers naturels et sans doute marquait-elle la fenêtre de visée du cabanon18 du Druide-astronome local, faisant de cet ensemble architectural un Muhlespiele géant (cf. image ci-dessus et art. Astro*I) ou un Escarboucle héraldique (cf. art. Blasons*) : l’Étoile à huit rais ou “Rose de Wotan”. On peut d’autre part se poser la question (non résolue à ce jour) : l’ombre horaire de ce Mercure de bronze se reportait-elle sur des statues disposées autour de cette aire géante ?
Ainsi pouvait-il re-caler l’antique calendrier luni-solaire sur la Neu Helle “Nouvelle Clarté” et nous imaginons notre colosse recevant la “révélation” sous la forme des éclairs19 de Taranis/ Thor, un jour d’orage… comme la région en a le secret tout particulièrement pour le solstice d’été !

Lieux–dits : Donc, chez nous, Mercure est Lug, et de nombreux lieux–dits lui ont été consacrés. Remarquons – en passant, grâce à nos pieds zélés – que “lieu” se dit en latin Locus et que “bois, bosquet sacré” se dit Lucus : la racine est très certainement commune avec celle de Lug, c’est un lieu sacré*, “lumineux” :


Le dieu Lug de Lugdunon
Du temps de leur liberté, les Gaulois avaient fondé Lyon-Lugdunon20 en son honneur !


On a aussi
les villes-centres initiatiques de Laon, Lewes, Locques, Loches Loudun, Loudon, Luc , Le Luc en Lozère, Luchon, Lugeac, Lugon, le Luguet, Luquet, Lusigna (Lug-in-Hacum), Luxeuil-les-bains et Saint-Bertrand de Comminges (avant que l’Église ne la rebaptise ainsi au Moyen Âge, ainsi que Montluçon (Mont Lucellos) et l’historique Saint-Clair-sur-Epte21 et, parlant de saint Clair au nom si “clair” pour nous citons le port de Seta/ Sète (Céta?) qui est niché à l’abris de la tramontane derrière le Mont-Saint-Clair (!) : un “ballon” (observatoire solaire/ sur németon) consacré à Lug le… lumineux ! Il existe donc aussi un “saint” Clair, “saint” dont le curé de Réguiny plongeait solennellement le crâne dans la Fontaine du bourg… pour faire venir la pluie !

Et c’est encore lui, Lug, qu’on nommait Domias, d’où le nom du Puy de Dôme et, sous le nom de Mercure (période gallo-romaine), on le retrouve au Mont-Mercure, à Mercurey et Mercœur, etc… (cf. Les sept Lieux Sacrés du Puy en Velay in art. Déesses Mères* : 2ème #, les Vierges Noires). Citons aussi Saint-Michel-Mont-Mercure sur la colline vendéenne, entre de nombreux autres… ce qui nous permettra de rappeler tous les St-Michel furent établis pour “effacer” Mercure !
Ah ! nous allions oublier N-D de Paris construite sur un antique site lugien !

Et les peuples des Lugoves, des Lugi en Silésie (Salasses), des Salyens… Salluvii : Entremont/ Aix en Provence en guerre avec Rome en –154.

Dans l’espace indo-européen*, nous avons aussi : Carlisle “Caer Lug” en G-B (chez les brittoniques il est dit aussi Moccos ce qui veut dire “sanglier” et est un grade initiatique du Druidisme : cela convient bien à son statut d’oracle “Crieur du Temps” !) À Leignitz/ Lignitz en Silésie germano-polonaise, Leyden en Hollande, Lögde en Suède, Louvain en Belgique, Logrono et Lugo en Espagne et un autre au Portugal qui était habité par les Albiones (blancs), Lucques est une ville italienne, Lugoj en Roumanie, Lugo en Gaule cisalpine, Loksbergen en Norvège, Lougansk et Louki en Russie, Luquaqueillies en Irlande, Luzaga (Guadalquivir E) ancienne Lutial et, enfin Luzzanas (luce, lumière de Lug) en Sardaigne.

Il existe toujours en Suisse, à Lucerne, une fête en son honneur nommée “Dimanche de l’Étincelle”.

Et, on le trouve aussi à Lugu au Tibet22 (!) et à Lugasi aux Indes… entre autres.


L’étymologie de Lug indique bien une racine indo-européenne commune *leuk “lumière” (–> Lugra “lune”, * Leuk-s-na “la lumineuse” chez les Étrusques), et *leug “noir, corbeau” (ce qui fait aussi de Lug-le-lumineux, la “corneille” Coronis/ Kronos !)
          Assimilé par les occupants romains à leur Mercure polytechnicien, Lug était probablement le Grand Ase des archaïques Nordiques ou Atlantes boréens.
          Chez les Celtes, il était fils de Cian “éloigné, lointain”. Ses deux frères étaient le dieu-druide Dagda et le dieu-champion Ogme avec lesquels il formait un trinêtre. Sous cette forme d’Ogme/ Ogmios, c’était
un “dieu lieur*” comme dieu de l’éloquence qui d’ailleurs inventa (lui-aussi) l’écriture (l’ogham qui est un cryptage sur hampe des anciennes Runes* secrètes commune aux anciens Celtes23 et aux Boréens leurs cousins). En Dieu-Dagda, il est le “bon” dieu, Maître des Éléments et de la Science/ Connaissance.

          Lug Lamfadha a, contre toute apparence provençale de fada, toute sa tête : ce qualificatif montre simplement qu’il a “le bras long”, on le dit aussi Lyam gyffes “à la main prompte”, prestidigitateur/ magicien* ou un peu voleur comme l’était soi-disant Mercure qu’on réduit ici, un peu trop vite, à la troisième fonction* et à l’allure caricaturale d’un Loki nordique (cf. infra).
          Digne ancêtre des prêtres saliens de Rome, il se déplace ou danse* à cloche-pied comme un boiteux (Vulcain), un œil fermé comme un borgne (Wotan) et il effectue des circumambulations (à dextre) autour de son armée en prononçant des incantations répétées comme un bègue. Voilà qui rappelle les Danses Garanos24, celles des grues sacrées chez les Grecs mais, aussi, les “mutilations qualifiantes” chères à notre maître Georges Dumézil.


Après l’occupation
(romaine 25 ), Mercure pris le pas sur Lug chez nos “collabos-romains” (E. D.) mais il avait conservé un rôle d’astronome sur les németons des “ballons” (cf. art. Apollon* Bélénos) comme au Puy-de-Dôme, nous venons de le voir, mais ce Mercure gaulois n’avait pas d’ailes aux pieds mais sur la tête et, plus intéressant : on le figure quelquefois avec un triple phallus. et comment ne pas penser alors au “trigaranos” ?…


L’Église* fit tout pour le dépaganiser – on s’en doute – et il devint alors un de ces saints Michel (Machkal) fort nombreux, établis chacun sur un gnomon ou un ballon, tel Saint-Michel-de-l’Aiguilhe au Puy-en-Velay par exemple, ou bien celui du Mont Martre à Paris dit-on (mais nous avons vu in art. Déesses Mères* que ce nom leur appartient), ceci pour n’en citer que quelques-uns… en passant, comme un voyageur wotanien…


Une curiosité du provençal qui allie le gaulois à la langue (probablement encore proche) de l’occupant romain, est le nom de l’étincelle : belugo ! Si nous nous rappelons ici que tant dans la mythologie germanique que gauloise, Loki ou Lug représentent autant la parole que le feu, on comprendra mieux qu’il puisse figurer dans ce mot belugo


Aux Indes : il est Trikster26 Amer et ne dit-on pas toujours, chez leurs cousins de la marine bretonne, en parlant d’un point géodésique remarquable, d’une aiguille rocheuse ou d’un menhir géant visible de la mer que c’est un “amer” ?
          Concernant sa fonction sexuelle*, citons Alain Daniélou in Shiva et Dionysos (GLM) : « Nous rencontrons souvent, dans le monde indien comme dans le monde grec ou celtique, des images du dieu sous la forme d’un phallus dressé avec un visage (cf. dolmen de Filitosa, Corse)n. Dans ce linga de pierre, la base carrée est assimilée à Brahmâ ; la partie médiane
octogonale, entourée de l’arghia, le réceptacle ou emblème féminin, est assimilé à la Déesse ou à Vishnou ; la partie visible du phallus dressé est Shiva. » Shiva et Hermès ont donc beaucoup en commun…


Au Tibet : les cols sont surmontés d’un énorme cairn comme un stupa, et chaque voyageur y apporte sa pierre blanche, souvent apportée de fort loin. Ce cairn est surmonté d’un mât que maintiennent des haubans. Ils sont décorés de rubans multicolores et des sentences bouddhiques dessinées sur de fins voiles qui font comme des feuilles qui vibrent jour et nuit. La vision de cet Arbre du Monde et ses feuilles qui vibrent faisant un “signal sonore” d’essène en pleine activité nous feront penser au chêne de Dodone des Grecs mais, plus encore, à notre cosmique Arbre de Mai : ne sommes-nous pas de lointains cousins de ces Ladakhs, Golloks, et quelques autres Kalashs27 , tous porteur du Svastika* sacré, ce signe polaire de la Grande Ourse : l’emblème de l’Harmonie Cosmique : le Moulin de la Grande ?




Mots parents : Ermite (qui vit seul). Et, après Hermès Trismégiste (gr. tris mégistos “trois fois grand”) : hermétique… comme l’alchimie* ; Lui qui disait :



Attributs : outre le pétase, les sandales et le caducée* ailés, Hermès est accompagné d’un bélier, qui figurerait sont aspect fécondateur, phallique dit-on mais, nous avons vu précédemment sur le relief du socle hermaïque gallo-romain une couronne figurant le Cercle de l’Année des Astrologues, et que ce signe zodiacal du Bélier marquait autrefois le passage de l’An, du temps du calendrier lunaire et de son calage sur l’équinoxe vernal…



«
Pour les Goths, l’équivalent d’Hermès n’était autre que l’Ase suprême, Odhin/ Wotan. Comme Hermès, celui-ci était l’inventeur du langage et c’est pourquoi, comme Hermès, il était appelé le “crieur des Dieux”28 (…)
          « Dans la langue gothique, le mot asil (qui a donné Esel en allemand et ass en anglais) désignait l’Âne. Or les Goths donnaient le nom d’Asilu-Kairnus, c’est à dire “pierre de l’âne” aux pierres de bornage.
          « Les Asilu-kairnus étaient des pierres consacrées à Odhin (…) À l’origine, le mot “asile” avait un sens légèrement différent et plus restreint que celui qu’il a de nos jours. Venant du grec asylos (de a privatif + sulao “je pille”) (donc “non pillé ou violenté, inviolable”, qui ne peut être détruit… comme la Thulé)n qui a donné en latin asylum, il désignait la partie de l’enceinte sacré* qu’on ne pouvait piller sans encourir la malédiction car elle contenait le “trésor”, c’est à dire les objets ou l’objet consacré aux Dieux*.
          « Mais chez tous les peuples, les pierres de bornage étaient jadis des pierres sacrées. Ce furent d’abord de simples pierres équarries puis on leur donna, en Grèce et à Rome29, la forme du dieu Hermès, représenté sans pieds pour signifier que la borne ne pouvait changer de place (…) » Gérard de Sède.
          Et, plus loin, Sède nous précise : « La toute première cathédrale
gothique est celle de Lund (“bosquet sacré”)n en Suède, et elle abrite au centre du Chœur la première pierre d’asile chrétienne, la fameuse Petra Asyli » :
          Asyle est d’ailleurs le nom du “bois sacré” de Romulus* au dessus de l’antre de la Louve, le Lupercal.

          Cette information nous a amené à faire l’addition suivante : bosquet sacré + pierre sacrée au centre du németon + Hropta Tyr (le Crieur des Dieux) + l’Ase Esel = asinus l’Âne savant : cette pierre était donc depuis des temps immémoriaux
le siège du “crieur des Dieux ou crieur du Temps Hropta Tyr, le Grand Ase Wotan, et elle fut par conséquent à l’origine de ce fameux “droit d’asile” : après une satire (dénonciation exacte ou rumeur) on se réfugiait auprès du Grand Sage qui, lui seul, était en tant que Président de la Diète/ Dag, en charge de la Justice* dans la communauté* 30 !


Sur le linteau de la crypte de Lund, un double-Odal ou/ et un double Gebo
(Don des Dieux) qui, fort curieusement, figure aussi l’équerre et le compas chers aux “initiés”…

          Et ceci amène la situation suivante : « Deux dieux se distinguent dans la fabrication du ciel : Zeus et Hermès. Le roi des dieux, après avoir débroussaillé les ombres artémisiennes, confie au dieu géomètre le soin de trouver à chaque figure (astérisme)n une place expressive dans le ciel. Hermès “organise la disposition des constellations entre elles ”, signant son œuvre avec l’initiale du nom de son père Zeus* (Dia) : en plaçant au ciel un D31 (delta). » Charvet et Zucker, l’Astronomie est née en Grèce, in revue Histoire, n° 242, avril 2000.  Ce que nous traduirons dans la culture nordique par : Hermod, Wotan et la Rune* de l’Ase (Ass/ Oss étant l’embouchure/ estuaire, la vulve, le… delta) ! Et nous pourrions remarquer ici que “c’est très wotanien tout çà” !


Permettez-nous maintenant de vous livrer quelques observations “originales”
concernant un possible équivalent nordique au dieu Hermès
mais différent de Hermod et que serait… Loki.