« Je voudrais pouvoir épurer cette vie de tout ce qu'elle a de fabuleux, et, en l'appuyant sur des
fondements raisonnables, lui donner l'air de l'histoire ; mais dans les endroits où, se refusant à
toute espèce de vraisemblance, elle ne pourra obtenir la confiance des lecteurs, j'aurai recours à
leur indulgence, et je les prierai de recevoir favorablement des fables dont l'origine se perd
dans l'antiquité la plus reculée. » PLUTARQUE, Vie de Thésée


FEU et VESTALES

Préambule : Dans tous nos articles, notre point de vue est en général d’apporter une note plus “nordique” aux comparaisons mythologiques ou folkloriques (en tant que résidus post-évangéliques) parce que leur influence fut bien plus importante que les habituels commentaires le laissent supposer. Mais cette prégnance dans toute l’Europe*, et même dans des pays où les “invasions germaniques” ne furent pas aussi importantes qu’en France, ne s’explique que par une unité de culture antérieure à l’installation de la nouvelle et exotique foi chrétienne : ne sommes-nous pas tous restès des “Indo-Européens*” ?… Ne doit-il donc pas s’agir là d’une “exception culturelle” ?


A/ LE FEU

Nous avons déjà vu dans l’article traitant des Fêtes*1 traditionnelles, une partie des “rites* du feu” qui conditionnent la régularité du calendrier des fêtes. Nous allons tenter de préciser ici l’origine du feu en rappelant qu’on a annoncé en juin 1995 que « les traces de feu fait par des humains, les plus anciennes du monde, ont été trouvées à Plouhinec en Bretagne : elles datent de 465.000 ans ! » Sacrés Bretons !

Étymologie :


          La racine indo-européenne est *peuor/ pur “feu et pur”. En grec “feu” se disait pyros, en latin focus, en allemand Feuer, en anglais fire, en espagnol fuego, en italien fioco et en occitan fuoc ou fioc.
          Une autre racine, *bhogo ayant un rapport avec “l’idée de chaleur et faire cuire” a donné l’anglais to bake, baker, bath et l’allemand baken, Bäcker, bad. Elle se retrouve encore dans le nom des feux sacrés* traditionnels des Vosges, les "bures" allumés durant la dangereuse Nuit de Walpurgis qui annonce nos Fêtes du
1er Mai.

Le Feu du ciel, phénomène sacré* à l’origine parce que donné par la foudre, c’est à dire par les dieux “fulgurants” (cf. art. Symboles*), nous est devenu familier, voire même indifférent (sauf en cas d’incendie de maison ou de forêt). Nous n’y pensons plus guère mais, en milieu naturel, le feu est indispensable pour la cuisson des aliments, pour se réchauffer dans les périodes de grand froid et surtout pour éloigner les animaux sauvages qui en ont instinctivement très peur.

         « Avant, les hommes disposaient librement du feu parce que le feu de Zeus, le feu de la foudre, se trouvait en haut de certains arbres, les frênes mélia où les hommes n’avaient qu’à le prendre. » J.-P. Vernant, L’Univers, les Dieux, les Hommes, Seuil, 1999.

Le “feu maîtrisé” : est figuré par la Rune* Ken “flambeau, torche” (qui figure aussi le chiffre “cent”).

Feu nouveau : Le “rouet à feu”, Rune Not , est constitué d’un bâton (mâle) en bois dur et d’une planche (femelle) en bois tendre (Théophraste 372-287 AEC), par exemple agaric et bouleau, ou de deux bois durs (Collina-Girard). C’est ce que symbolise le “feu de la vie” ou souffle vital lors de la création du premier couple “humain” qui sont, dans la mythologie nordique, Ask et Embla :

Feux de l’amour… Feu de la vie !

Briquet2 à feu : frapper deux silex3 l'un contre l'autre produit des étincelles mais en aucun cas ne permettra de faire du feu ; elles sont lumineuses, certes, mais ce sont des "étincelles froides". Pour faire un "briquet" – ce qui est connu depuis 10 à 15.000 ans4 il faut frapper un silex contre de la pyrite de fer ou, bien mieux, contre un demi nodule de marcassite (Collina-Girard) qu’on appelle aussi la “roche d’or étoilée” (sulfure de fer) et obtenir ainsi des "étincelles chaudes" de fer fondu qui enflammeront de l'amadou qui est la partie interne des champignons de tronc (ceux qui en forme de nid d'hirondelle).

          C'est ce genre de briquet qui fut trouvé dans le sac à dos d’Ötzi, “l'homme des glaces” de Similaun qui a été rendu par le glacier de l'Ötzertal (A) en 19915 .

Rites* : « Hermès*, après avoir enlevé le troupeau de vaches d’Apollon, alluma le premier feu en frottant deux morceaux de bois l’un contre l’autre. L’un était du laurier et l’autre du grenadier. »

          
Les feux rituels des anciens Grecs et Romains étaient encore allumés à partir d’un faisceau de baguettes de coudrier. La parenté avec le faisceau du licteur est évidente car chacune d’elles représentait un dème/ genos/ phratrie (cf. art. Blason* et Lien*).

Selon Mannhart : « Les rites du feu auraient, dans l'esprit du primitif, la vertu de renforcer par un acte de “magie* sympathique”, l'activité du Soleil, source de tout ce qui entretient et perpétue la vie humaine. »
         Ce à quoi nous rajouterons : l’idée de renforcer l’activité du soleil n’a pu venir qu’à des populations qui en furent privées brutalement, accidentellement. On consultera donc avec profit les articles Déluges* et Origine* Polaire, comme étant la cause psychologique probable de “l’adaptation” particulière de ces peuples” (*Ar)
         Après avoir adopté le point de vue de Mannhardt, Frazer se rallia ensuite à celui de Westermark pour qui « le feu terrestre n'est qu'un procédé de purification » et il nous pose le dilemme : « Le feu rituel est-il un stimulant de la vie terrestre ou un désinfectant ? »

          Il nous semble que la question était à cette époque fort mal posée car cette logique binaire, exclusive, appauvrit les conclusions en éliminant un des deux termes car les deux sont valables et méritent même un développement et c’est pourquoi nous préférerons toujours – et de loin – la logique du tiers inclus :
- En effet, s'il est question de magie*, il s'agirait d'un acte irrationnel dont on attend qu'il agisse – apparemment  – sur le Soleil et cela se rapporte à la période évolutive dite “de la pensée magique", ce qui est encore le cas de la mentalité des enfants. Il s’agissait donc d’un rite* euphémisant, d’un début de pratique rationnelle et/ ou d’un rite commémoratif, l’objet de ce rite étant de “sacraliser” cette pratique.
- Par contre, si l'on adopte le “point de vue original” qui caractérise cet ouvrage, c'est à dire notre habituelle “optique diluvienne", on comprend mieux que les anciens aient célébré chaque année le Soleil d'avant l'obscurcissement, lors de ces "passages des portes de l’année" Janua au moment du solstice d’hiver, en espérant Son retour, en L'appelant par des rites* qui sont une dramatisation spectaculaire, un rappel d'une période historique enfouie dans des terreurs indicibles et frappée d'un tabou pour cela, donc d'une période éminemment mythique* !
          Et cela s'applique facilement à “la période des douze jours” de Jul*/ Neu Helle qui reproduisent les douze saisons d'obscurité partielle du Fimbulvetr de trois ans dont parlent les Nordiques, “Grand Hiver” qui suivit le Grand Cataclysme de la Mer du Nord au XIIIème siècle AEC.
         Mais, concernant le solstice d'été, nous qui connaissons le soleil dans toute sa gloire et avons des moissons abondantes, nous ne savons plus interpréter le rite*. Or il est identique : après ce cataclysme, prisonnier en sa tour de cendres volcaniques, le soleil d'été ne chauffait guère plus que celui d'hiver auparavant.
         La fête* avait donc perduré mais, avec un changement de sens positif : ce n’était plus un appel à l'ancien soleil d'été : « Reviens, Soleil ! » ou bien le cri fameux : « Apollon reviendra ! » mais une fête joyeuse de remerciements et d'anticipation des moissons et des récoltes obtenues grâce à son éclat renouvelé et à l’acceptation du cycle des saisons, car ces Fêtes Solaires sont principalement les quatre rites saisonniers :
         « Nul besoin de croire à quelque ambition prétentieuse des primitifs à régler la marche du soleil, mais seulement à leur souci de confier à cet astre le soin d'assurer la rigoureuse périodicité des rites. » Amable Audin, Les fêtes solaires, P.U.F., 1945.



Chez les Mégalithiques ou les Maglemosiens qui sortaient de la glaciation ouest-européenne, deux bûches en croix flambant sous l’abri couvert furent un véritable “Don des Dieux” ce qui est le nom de la Rune* Gebo” (cf. aussi art. Symboles*)…

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Mise à jour du 21 juin 07 : Voulez-vous lire maintenant un supplément.pdf 6 vu sur le site de Thulé Italia/ Paganalia et traduit par notre correspondant et ami Slan’a Gaêl :
L’Antique Souvenir de l’Arbre de Feu, Symboles et rites païens
à l’origine de la Fête de Nöel, de Tonys van Renterghem?
Cliquez alors ou revenez lire : [arbrefeu.pdf] et retour ici pour terminer cet article !

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En Grèce : on se rappelle que le feu (du ciel ?) fut donné aux Grecs par “le prévoyant” Prométhée 7 ou par Hermès avec sa géniale technique “volée aux Hyperboréens” (cf. la Mythologie)…
         « Prométhée est un être ambigu, sa place dans le monde divin n’est pas claire. L’histoire de ce foie qui est dévoré tous les jours et qui repousse pareil à lui même pendant la nuit montre qu’il y a au moins trois types de temps et de vitalité. Il y a le temps des dieux, l’éternité où rien ne se passe, tout est déjà là, rien ne disparaît. Il y a le temps des hommes, qui est un temps linéaire, toujours dans le même sens, on naît, on grandit, on est adulte, on vieillit et on meurt. Tous les êtres vivants y sont soumis. Comme dit Platon, c’est un temps qui va en ligne droite. Il y a enfin un troisième temps auquel fait penser le foie de Prométhée, celui-ci est circulaire ou en zigzag
[erratique, comme une boule qui erre, F. Nietzsche]nrt. Il indique une existence semblable à celle de la lune, par exemple, qui grandit, périt puis renaît, et cela indéfiniment. Ce temps prométhéen est semblable au mouvement des astres, c’est à dire à ces mouvements circulaires qui s’inscrivent dans le temps, qui permettent de mesurer le temps par eux. Ce n’est pas l’éternité des dieux, ce n’est pas non plus le temps terrestre, le temps mortel, qui va toujours dans le même sens. C’est un temps dont les philosophes pourront dire qu’il est l’image mobile de l’éternité immobile (…)
« Le foie de Prométhée est à l’image des astres, semblable à ce qui donne rythme et mesure à l’éternité divine et qui joue ainsi un rôle de médiation entre le monde divin et le monde humain. » Jean-Pierre Vernant, L’Univers, les Dieux, les Hommes, Seuil, 1999
[génial]tt.

         Concernant cette dernière phrase, comment ne pas penser à l’hypothèse qui nous faisait interpréter le Foie de Plaisance8 comme étant la carte de l’Ouranie/ Astrée : l’Atlantide* boréenne ?…

À Rome : Parallèlement, le feu fut donné aux Romains par Lucifer, le “porteur de feu” qui est donc pour le moins un héros et surtout pas un diable° (cf. § in Église*).

En Grande Bretagne : « Le “feu de nécessité” est allumé au dessus du carré central (d’un tertre carré de 9 carreaux)n en tournant un fuseau de chêne dans le trou d’une bûche en chêne : c’était l’ancienne manière de faire du feu. Jadis, tous les feux d’une localité étaient éteints la veille de Mai puis rallumés à partir du Feu de Beltaine du village qui, brûlant au centre de la grille des neuf carrés, formait le foyer de la communauté*. » Nigel Pennick, Magie du Nord, Pardès 1996.

En Serbie : Peut-être plus archaïque encore, et proche du mariage de feu d’Ask et Embla, est restée la coutume folklorique suivante : « Dans les monts Schar, la tâche d’allumer un “feu vivant” est confiée à un garçon et à une fillette de treize à quatorze ans. On les conduit dans une pièce tout à fait obscure où ils se mettent complètement nus et frottent deux rouleaux de tilleul l’un contre l’autre, jusqu’à ce que jaillisse des étincelles que l’on recueille sur de l’amadou. »
Ainsi la lumière naissante leur révèle “l’autre” sexe à un âge où l’on prend feu… comme amadou. Ce feu est une technique luciférienne, certes, mais aussi rappelle le mariage du premier couple dans lequel
passion égale feu, consommation mais aussi consumation : c’était donc là, probablement, un “rite* de passage” !
Remarquons à propos de cet amadou, qu’en latin amado signifie : l’aimé ; Amata était le nom de la femme de Latinus ; et Amadeus (Mozart) : l’aimé. des Dieux!

En Poitou-Saintonge on utilise l’expression “feu de nécessité” : il faut noter ici que la Rune Not “nécessité” figure bien par son tracé “l’archet à feu” et l’on comprend mieux alors l’expression “feu de misère” dont l’objet est d’éloigner les puissances maléfiques qui nuisent à la communauté* en leur opposant ce substitut du Soleil !

La racine Suédoise gnid “frottée”, d’où gnied eld “feu frotté”, feu sauvage, “feu vivant” pour les Slaves, nous fait penser à Gnaa* – l’une des servantes de Frigg déesse du mariage et épouse d’Odhin/ Wotan*, article où nous retrouverons cette racine gnaa présente dans le mot gnomon “connaissance” : savoir faire le feu était une nécessité vitale pendant la glaciation ou le fimbulvetr. Ce “feu de nécessité” s’appelle littéralement not-fyre en norois.

En Lituanie : « Si le feu permanent que les Lituaniens faisaient en l’honneur de Perkunas (Thor/ Jupiter) venait à s’éteindre, on le rallumait à l’aide de la pierre que le dieu tenait en main… » Prætorius, 1871.
         Dans notre esprit, nul doute qu’il s’agissait là de pyrite de fer (du grec pyros “feu”) ou de l’or étoilé (marcassite, cf. supra) qui, frotté avec un silex, servait à l’allumage du rituel Feu Nouveau, feu de nécessité n. Mais, sans doute, plus tard le faisaient-ils avec la fameuse lentille d’ambre* clair si courante chez eux.

Aux Indes : Atharvan fut le premier à générer du feu, à instituer son culte et à offrir le sacrifice du Soma. Il était le premier fils de Brahman9 et il lutta contre la magie* et les forces maléfiques ! En védique arani est le nom que portent les deux pièces de bois, le réceptacle femelle percé figurant la déesse Urvashi et le bâton mâle étant le dieu Purûravas : ils sont assimilé à la procréation, une passion flamboyante (où l’on retrouve évidemment Ask et Embla (cf. art. Indo-européen*)!

         « La tradition indienne garde le souvenir des Ribbhus, les sages qui, les premiers, surent domestiquer le feu et donc créer le “foyer”, symbole de la civilisation sédentaire. Le maintien du feu allumé lors du mariage reste un rite* essentiel de la vie domestique. » Alain Daniélou, Shiva et Dionysos, GLM 1999..



Chez les Scythes : Athro, Athsho10 identique à l’iranien Atar était le dieu du feu.

Chez les Celtes d’Occident (Goïdels/ Éburons) : c’est Brigitte la Grande Mariée, Brii la brue, qui est la déesse du Feu… mais aussi de la Poésie, comme Loki* Å Lug est la parole et le feu.



Dans nos folklores : Feux des solstices d’été et d’hiver en forme de tour, mais aussi roues de feux qui dévalent les pentes jusqu’à la rivière. Nous en avons quelque peu parlé dans l’article Fêtes*, #été…



B - LES VESTALES :




En Grèce : Hestia est la déesse du foyer domestique ou de la place publique : « L’âme a souvent été assimilée a un principe lumineux, d’où la tradition du feu sacré domestique représentant l’âme des ancêtres veillant sur le foyer. Dans le même ordre d’idée, le cierge funéraire accompagne l’évocation d’un défunt. » J.-C.. Mathelin, revue Solaria n° 7 : c/o J.C. Mathelin, 7 rue Christian Dewet, 72012 Paris.

À Rome : On peut considérer Vesta comme son double, puisqu’on dit qu’elle est la « déesse romaine du Foyer domestique qui fut assimilée à l'Hestia des Grecs. Elle gouvernait les dieux Pénates du foyer en son temple le penum. » 
          C’est son nom qui à donné le mot vestale “ce qui fini” : Vesta se prononce Ouesta “Ouest”, le Couchant !
          Son culte était régi par le grand pontife, assisté par les vestales qu'il choisissait lui-même et qui habitaient près du temple* de la déesse, au Forum.
          Le Feu Sacré était entretenu dans le Prytanée11.
          C’était le temple rond de Diane à Némi qui contenait le feu permanent et on l'appelait aussi Vesta (Ouesta) en ce lieu : « Le feu des vestales était traditionnellement rallumé par les rayons du soleil
concentrés par une lentille. » Plutarque. Ce que nous compléterons par : une lentille d'ambre* clair, probablement (cf. aussi art. Irminsul*) !

         Les Vestales étaient de jeunes patriciennes qui représentaient les filles des premiers rois. Consacrées à Vesta-Hestia la terre, elles allumaient, une fois par an, et entretenaient le “nouveau feu” ou Feu Sacré* : l’Ignis Vestae Aedes (de Agni, indo-européen *Aieu “brûler”) dans la cella du temple* rond. Elles devaient rester vierges12 pendant la durée de leur ministère (cf. art. Sexualité*) et elles n'étaient choisies que parmi “des jeunes filles ayant leur père et leur mère encore en vie”…
         Les six vestales accomplissaient aussi un rite* d’invocation de la pluie lors de la pleine lune des ides de Mai. De plus, elles lançaient vingt-quatre mannequins13 dans le Tibre14 (sans doute les 24 constellations de la Roue de l’Année, cf. art. Astrologie* nordique) mais ce second rite évoque plus la commémoration de la Grande Submersion de leurs ancêtres nordiques qu’une danse de la pluie : en effet, c’est Vertumnus15 devenu Fortuna (cf. infra) qui arrêta les eaux du Tibre qui menaçaient Rome. Ce rite a partiellement subsisté dans notre Carnaval/ Char Naval – du moins en Dauphiné – quand on jette Caramantran16 dans la rivière (cf. article Fêtes*)…

        
« Épouses du Dieu du Feu, elles cohabitaient avec lui dans un temple* où se voyait une figuration phallique qui précisait suffisamment leur caractère d'épouses. Il existe ailleurs le témoignage de leurs unions divines : Servius Tullius était le fils d'une vestale et du dieu du foyer, tout comme Romulus* (par Rhéa Silva)n et Caeculus, les fondateurs de Rome et de Preneste. Mais les vestales étaient également les épouses du roi dont la demeure, la Régia, était voisine de leur Temple(!)n » Amable Audin.

         À l’origine, le feu sacré était né de la foudre qui avait frappé le Putéal17, lieu sacralisé de ce fait et qu’on entourait d’une margelle pour qu’il ne fut pas souillé par un pied humain ou animal. On frappait aussi des médailles que l’on disposait sur les arbre ou les objet frappés par la foudre. Si un humain était tué par un éclair on lui faisait des funérailles somptueuses (Jean Vertemont, Dictionnaire des mythologies indo-européennes, Faits et Documents 1997), cf. aussi le § Romulus in article Rite*.


De Rome à l’Inde : Mise à jour 6 juin 03 texte de R Dufrenne/ site ARCHEAM :
           « La théologie de la Rome ancienne présente une personnification de la Parole sacrée, de la prière, à travers la déesse Carmenta, dont le nom vient de carmen qui signifie “la formule, le chant, l'oracle”. Carmenta est donc une lointaine cousine de Vâc, la déesse védique de la Parole. Or, Carmenta, dans un rôle inattendu d'assistance aux accouchements, est accompagnée de deux auxiliaires, Antevorta et Postvorta, dont les noms signifient "celle qui tourne en avant" et "celle qui tourne en arrière". Georges Dumézil voit dans ces noms un rappel du mouvement alternatif de rotation qui, selon le Véda, était nécessaire pour faire naître Agni, c'est-à-dire pour faire jaillir le feu des Arani, les pièces de bois mâle et femelle. Il en conclut que les Romains avaient conservé le souvenir d'un ancien rapprochement entre la Parole sacrée et un mouvement, rotatif nécessaire à une "naissance".
          « Il est certain que, dans les Védas, les dieux Agni et Soma, tous deux intimement liés à la Parole sacrée, sont engendrés par un mouvement rotatif qui est, d'après RV.3.29.1, assimilé à un barattage : On conduit circulairement Agni à son siège, RV.4.9.3; tandis que le soma est appelé la boisson circulaire, RV.5.44.11.
          « Le mouvement circulaire étant par nature un mouvement répétitif, le mouvement rotatif engendrant Agni et Soma semble symboliser la récitation répétée des prières ou des formules sacrées. C'est ce que paraissent confirmer les extraits suivants : "Je tourne l'hymne dans mon cœur comme le charron tourne le caisson du char", RV.10.119.5, ou : les paroles bien tournées, RV.5.25.3, telles les eaux en un cours circulaire, cette fameuse substance rituelle merveilleuse, RV.1.63.8. Une confirmation est apportée par la Svetâsvatara Upanishad (I,4) lorsque celle-ci affirme qu'en faisant de son propre corps le bois de friction inférieur et de la syllabe Om, le bois de friction supérieur, par la pratique de cette friction qui est la méditation, on peut voir le dieu comme on verrait quelque chose de caché (4). » Roland Dufrenne.



En Germanie : les 10 Hagedises, qui sont les vestales des nordiques, sont les desservantes de Freyja la Vanadise18 sur le tertre sacré, le Haugr/ Horgr planté du bosquet sacré, le Hag (de l’indo-européen *qhag).
         « Une fois, les Hautes Dises siégeaient alentour. Certaines liaient des liens* (cf. Destin*). Certaines arrêtaient des armées. » Conjuration de Merseburg Xe siècle.

Après l’évangélisation : cette tradition des vestales s'était poursuivie dans le christianisme irlandais puisque Frazer nous rappelle que « les 19 religieuses de sainte Brigitte19 entretenaient le "feu sacré perpétuel" jusqu’à la suppression des monastères sous Henry VIII… »

Lieux dits : Haguenau en Alsace où la célèbre forêt renferme le tumulus fouillé en 1958 par le professeur J.-J. Hatt (cf. le remarquable Musée Archéo de Strasbourg), et Den Haag/ La Hague, aux Pays Bas/ Frise : ce sont des tertres sacrés et tout laisse à penser qu’un “feu nouveau” y était rituellement allumé à l’Épiphanie/ Solstice d’Hiver, entretenu, voire même renouvelé à Beltaine, au Solstice d’été et à la Samhain lors des quatre grandes fêtes* solaires de nos ancêtres.


« J'ai de tout temps chéri le sanctuaire
Où tu te plais, d'où partent tous tes feux. »

extrait de la messe de Gnide, poème par Griffet de la Baume
http://www.bmlisieux.com/curiosa/griffet.htm
vu sur : § joyeux feux/ site suisse <runes.ch>


ßiblio plus :

Bayard Jean-Pierre, La symbolique du feu, Payot, 1973.

* * * 1ère parution 26 fév. 01 * * * Mise à jour 21 Juin 07 * * *



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