Les Origines de l’Arbre de Mai
Suite C (#3/3)




DÉCOUVERTE D’UNE COSMOGONIE
DANS LE RITE DE L'ARBRE DE MAI :

         La description de l’Arbre de Mai est, comme toute transmission de connaissances anciennes, une véritable initiation* à la Culture traditionnelle, car on y découvre la cosmogonie, l’astronomie* symbolique, la création du Monde selon nos savants ancêtres “atlantes boréens”. Car une symbolique* est faite pour “signifier”, même si c'est un signe secret qu'il faut apprendre progressivement à décrypter comme un code chiffré, pour trouver le Sens, l’Ordre du Cosmos.
         La symbolique astrologique1 – au sens étymologique* – a donc pour objet d’indiquer ce qui est pré-visible dans le cycle cosmique et dans l’histoire des saisons. C'est l’Eternel Retour du Dieu Fils solaire, dont la récurrence est si importante pour les nouveaux agriculteurs issus de la “révolution néolithique”.


Dessin P-Y. Guillaume.


Quels sont les éléments constitutifs de l’Arbre de Mai ?


Le Mât ou Mai donne, maintenant, sa cohérence et sa solidité au Cosmos après le Grand Cataclysme : il représente l’Arbre*, centre du Monde, le Clou* support de l’Univers, qu’il répète, résume et symbolise.

Le Pommeau est la pomme Apfel/ apple d’Apollon* et, chez les Provençaux, le Soleil au centre et au plus haut du Mai et, sans doute, était-il fait d’une boule d’ambre*, matière "magique" s'il en fut !

Les Petits Rubans qui forment la partie conique, figurent le fleuve d’étoiles, la voûte céleste d’Ouranos et plus particulièrement le Pont Bifrost/ Arc en Ciel, le chemin de l’âme (Combostella) des Héros nordiques vers le Palais des Élus ou Walhalla, là où les guerriers morts au combat – dans l'honneur – vivent de perpétuels festins parmi les Walkyries. C’est aussi « le fleuve Eridan – le Don mythique – qui va d’Achernar, la tête, le Pôle, la Source, vers l’Estuaire (P-Y Guillaume, Des Runes et des Étoiles, Dervy 1995) » …et qui se jette dans :

La Couronne qu’est l’océan circulaire de l’équateur astronomique*, la limite du monde étoilé visible dans l’hémisphère Nord– le Cosmos – figure les vingt quatre constellations/ astérismes ou Runes* du Cercle de l’Année/ Ouroboros d’où partent :


Les Grands Rubans qui seront spiralés, puis tressés le long du Mai par la danse* doublement serpentine représentant le Dragon* : « qui est tenu en respect, mais s’il venait à se libérer il s’effondrerait. » (Guillaume). Et, c’est même un double dragon tel qu’il est resté dans le caducée* de Mercure/ Cronos l’astronome, caducée dans lequel le miroir figure le Soleil pommeau mais aussi dans les langues germaniques le recueil des Lois de l’Ancienne Coutume (le Spiegel).




         C’est aussi la toile d’araignée tissée par les Nornes/ Parques/ Moires qui siègent sous l’une des trois racines de l’Arbre du Monde : c’est le Destin*, l’ensemble des “faits” échus auxquels on ne peut plus rien changer, qui va rassembler en un nouvel ordre cosmique “harmonieux” tous les éléments épars du Monde issus du Chaos Primordial.
         La Roue* de la Vie, parente du Mandala* figure sacrée aux Indes et au Tibet, est le dessin de ces deux dragons sur le sol. C'est aussi la Croix° Celtique, les Roues de Fortune bretonnes. De nos jours, c’est la traditionnelle et lourde roue de char fardier posée sur le sol, moyeu évidé, ou la meule du “Moulin de la Grande Chanson”, dans l’axe de laquelle on pourra planter notre festif
Arbre de Mai



Roue support de l’arbre de Mai


         Symbole* complexe, représentation du ciel, de la succession des saisons, de la rose des vents et aussi “des quatre forces” Terre, Air, Feu et Eau, conservé par le Compagnonnage et par l’Alchimie*. C’est aussi le Svastika* sacré* des Hindous, ceux des mégalithes ou des vases grecs, romains et celtes antiques, depuis ceux de Scythie jusqu’à l’Espagne des Celtibères…


        
Vase grec   &   Bétyle* de Locmaria (M.a.n.)



Cernunnos, Chaudron de Gundestrup





         Ces trompes joueront en ce jour de joie alternativement en dissonance et en harmonie, comme l’appel de Hagen* (dans l’Anneau du Niebelungen de Wagner) pour rappeler l’assemblée à un peu d’humilité face à un Destin* toujours imprévisible : le Dragon* mugissant est toujours là, sous nos pieds, car toute civilisation est mortelle comme l’humanité elle même, que ce soit dû à un météore, le dévorant Phaéton; à un tremblement de terre, le fétide Python; au Maelström; au Raz de marée; ou à ce Dragon moderne qu’est la pollution et, plus encore : à l'aculturation/ propagande ou “pensée unique” qui est la mort des peuples et… des Civilisations…


LES CAUSES DE L’AFFADISSEMENT CULTUREL


         Dans nos temps historiques, la tradition du Mai s’est beaucoup affaiblie sous les coups successifs de l’occupant romain, puis de l’Église*, et aussi – assez bêtement – de notre Révolution elle même !…

L’occupant Romain, qui s’était lui-même noyé dans son empire marchand, nécessairement multi culturel, n’était plus à même d’apprécier ce qui, chez les peuples du Nord, aurait pu lui permettre de rénover sa culture antique et ainsi d’en corseter Rome comme aux temps de ses héros fondateurs ! Dans cette “vue du monde” cohérente, nul doute qu’il aurait trouvé les raisons de ne pas confondre comptoir commercial, voire même protection militaire des dits comptoirs, avec l’accès désordonné à la citoyenneté où l’on a vu les lobbies du commerce mondialiste (méditerranéen) corrompre le Sénat, et l’Empereur lui-même ne plus être Romain :



     Comment dans ces conditions ne pas comprendre que les campagnes de César en Gaule n’étaient qu’un prétexte à son cheminement politique personnel et, par conséquent, qu’il ne s’intéressait que fort superficiellement à la culture des peuples conquis. Il ne se préoccupait en fait que de donner des greniers à sa “clientèle” romaine : rappelons le, provende a donné notre mot “province” !



         Fort heureusement beaucoup de ces légionnaires étaient des Gaulois, voire des Germains qui vivaient ensemble et côtoyaient les restes culturels de Rome: une religion urbaine de temples* et d’ostentation bourgeoise, et non de naturalisme et de mysticisme comme l’était le Paganisme* de leur enfance mais, c’est précisément cela qui devait les amener à la prise de conscience de l’unité antérieure de leurs croyances !




          Rendus à la vie civile avec un lopin de terre, ils sacrifiaient à Lug en l’appelant Mercure, Diwos étant devenu Dio et les cornes de Wotan valant bien celles de Cernunnos, on n’allait pas se chipoter sur le fait que Bélénos se prononçait maintenant Apollon. C’est cela qui nous a sauvé, quoique le pire ne fut pas encore venu !…



L’Église* manifesta d’emblée une animosité irréductible envers l'Arbre de Mai, comme étant la plus détestable des manifestations de ce paganisme* qui sous tendait et sous tend toujours nos folklore° d’Europe.

         En pondérant quelque peu, je pense qu’il faut faire la part des responsabilités dues au dogme, de celles dues aux hommes, afin de ne pas tomber dans la même erreur qu’elle; il faut aussi faire la part de ce qui est dû à la lutte de concurrence et de ce qui appartient à l’appareil de type impérial, romain, centralisateur donc niveleur par définition, appareil que l’Église avait conservé pour l’aider dans son rêve de domination unicervelle théocratique.
         Et, c’est principalement à cette mentalité d’appareil que l’on doit les
inadmissibles excès de l’Inquisition, et plusieurs millions de sourciers, herboristes, guérisseurs et rhabilleurs, brûlés vifs en Europe car, dès qu’une petite coutume européenne ne figurait pas parmi les coutumes supposées hébraïques par “ces petits esprits à la triste figure” : Hop, bûcher !


“Aimez vous les uns les autres…”
(Dessin de Pierre Joubert)

          Si l'attitude de l’Église avait été simplement “culturelle”, elle aurait admis le Paganisme* comme une réalité antérieure, un apport culturel ancien, comme ce fut d’ailleurs le cas au début de sa conquête de l’Europe, ainsi qu’à la Renaissance. Mais tout s’est passé comme si, n’étant que médiocrement syncrétique et jurtout judaïque, elle s’était sentie en état d’infériorité par rapport à nos “lumineuses” Connaissances, d’où sa lutte perpétuelle contre les “hérésies” : pour elle, un “flou sacré” était plus confortable que des connaissances préscientifiques qui contredisaient « la “révélation” de quelque écrivaillon de Cappadoce… » (Euphronios Delphyné)…

         Mais elle a su depuis englober les rites* paysans en parlant de “religion naturelle”, terme repris à ses adversaires (satan) et, par stratégie, elle a su transformer les dieux locaux en "saints" de circonstance : Mercure est devenu saint Michel, saint Georges a évacué Siegfried, et sainte Odile de Breitenbach (67) soigne les yeux sur l’Odhinsberg, tout comme Wotan* le Dieu borgne Soi même savait si bien le faire !…

         Le Christianisme étant ce que certains ont appelé du terme de religion idéologie – mais nous devrions plus exactement dire : porteur d’une “vision du monde” pour le moins exotique (!) il y a des choses qu’il ne peut pas comprendre dans cette “Culture de Clarté” née au Nord de l’Europe de si nombreux siècles avant lui : question de climat, question de paysages, question d’hommes aussi certainement !
         En effet, il y a une opposition fondamentale entre ces deux conceptions du Monde car la vision monothéiste est l’héritière de l'autorité “cruelle et jalouse” des patriarches du désert, qui avaient le droit de vie et de mort sur leur tribu. D’aucuns, la psychanalysant, l’ont décrite comme “une projection infantile de la cellule familiale” et l’on sait que, laïcisée, elle a produit les pires totalitarismes, comme tout système mono-idéologique à venir le refera : Big Brother* – c’est bien connu – est immortel !



Boniface 2 abat le chêne sacré des Germains


         En d’autres lieux et climats, la vision panthéiste “symbolise” chaque phénomène du nom d'une qualité qu'on vénère pour la faire sienne, et dont on fera un *Diew, un “pur esprit” : un pur concept, idéel –> idéal.

         Pour le païen*, il y a les forces négatives, contre lesquelles on lutte avec réalisme, et les forces positives que l'on fait siennes en leur obéissant ou que les membres de la troisième fonction se concilient par les actions de grâce que sont les rites* festifs. Ceux ci ont de plus l’avantage de re-lier les membres de la communauté entre eux les faisant communier dans les mêmes valeurs*, et de les relier au cosmos. Souvenons nous en, le latin religere est à l’origine de notre mot religion* !

         Cette vision holiste*, qui veut tenir compte de tous les aspects de la vie, est le contraire du concept d’unification, fondamentalement
réducteur, donc destructeur”. Elle est conceptuellement “confédérale” et est d’ailleurs tellement tolérante qu'elle est en perpétuel danger de subversion de la part “des voyageurs à la langue bien pendue”, comme nous avons pu le voir pour Rome submergée d'apports incompatibles et croulant d’alibis à la désobéissance civile pour un prétendu devoir d’obéissance à… une culture étrangère !

         La confusion entretenue entre valeurs* “catholiques”, c'est à dire universelles – ce qui est un concept impérialiste très “occidental” – et mondialisme est surprenante : l'universalisme d’une idée ou d’une vérité démontrées est une chose qui appartient à la logique formelle, le mondialisme politique - nouvel impérialisme en marche – en est une autre et, de plus, ce n’est pas affaire de religion mais d’idéologie ce qui suffit à l’exclure de notre champ de recherche !
         D’autre part, un peu d’humilité, qui est censé être une de ses valeurs cardinales, permettrait à l’Église* de reconnaître la part considérable de la mentalité celtique dans sa propre mystique, tardive, mentalité venue de cette religiosité particulière, holiste, donc non dialecticienne et propre à nos peuples du Nord car c’est ce liant mystique qui a pu faire “prendre le ciment” de la civilisation dite “occidentale” et certainement pas l’individualisme discutailleur des docteurs de la Loi, quand ce ne sont pas les intrigues de palais des Papes : « Ah ! Les scribes et les pharisiens ! »



     Mais, en pratique, l’attitude de l’Église* est restée après deux millénaires celle du combat pour l’exclusion remplacement de notre “religion*-rites” établie en Europe depuis l’aube des temps !
     Ainsi, l’Église* a bien souvent préféré se révéler négative en détruisant les religions préchrétiennes et toutes nos vitales racines pour les remplacer par une édifiante “histoire sainte” qui n’est, en fait, que celle d’un peuple lointain – fort respectable au demeurant pour ce qu’il est – mais fils d’autres cultures, d’un autre climat, d’autres paysages, d'autres intérêts d’où les conflits psychologiques profonds qui sont refoulés et les désordres mentaux subséquents!
     Car, en général, nous nous reconnaissons mieux – intuitivement – comme petits enfants des Atlantes boréens, enfants des Gaulois et des Francs, cousins des Grecs et des Romains, des lointains Galates et autres Philistins, que comme fils d’Abraham (quoique, en grattant bien dans la plus ancienne mémoire des Ébro – le Roi David étant aussi roux qu’Ulysse - on retrouverait une bonne part des traces de ces traditions “éburonnes, donc païennes”, en partie effacées ou cachées par leur propres prêtres réformateurs et pseudo interprète (gr. prophétès) de leur Cher de tribu divinisé)…

         La vraie question qui se pose alors à nous est donc celle ci : pourquoi l’Église s’est-elle mise à lutter contre Notre paganisme pour en adopter un autre (en le dénaturant lui aussi ce qui, d’ailleurs, ne plaît guère à ses héritiers) ?



Frise de Runes de Vie sur le porche
(Mosaïque de la synagogue de Bet-Shéân)


         On ne s’étonnera donc pas du silence historique de ces clercs : après la destruction des documents et des hommes, ils faisaient leur “devoir idéologique” en trahissant gravement leur religion maternelle, attitude typique du “militant” servile!








La Révolution, comme tout constructivisme*3, préférait les utopies d'intellectuels citadins aux réalités de la Nature, donc à la Culture traditionnelle. Remarquons au passage que la ville, comme ciment social, est une ineptie : la ville tue les solidarités organiques et favorise les individualistes, les marginaux… et les prédateurs !
         Les Révolutionnaires, presque tous issus des loges maçonniques*, ont commencé par interdire l’Arbre de Mai comme “survivance de l'Ancien régime” : l’erreur d’analyse est flagrante ! Puis, le manque de fêtes communautaires qui aurait permis de re-lier le peuple à ce nouvel État encore artificiel se fit cruellement sentir, d’autant plus que dans nos campagnes on continuait allègrement à célébrer les Ancêtres “Divins” !
         De là, à les remplacer par les Grands Ancêtres de la Révolution sous la férule du Grand Architecte de l’Univers et à baptiser le Mai : Arbre de la Liberté, il n’y avait qu’un pas ! À quelques différences près cependant – et non des moindres sur le plan des conséquences pédagogiques : cet arbre là, coiffé d'un bonnet phrygien et baptisé “l’homme sans tête”, donc planté sans racines (on imagine l’effet d’un arbre mort comme symbole en milieu rural !) les retrouva cependant un peu plus tard. Puis il grandit, et l’on redécouvrit le Mythe de l’Arbre, ce qui n’était pas si mal pour des gens qui n’était que superficiellement attachés à l’Antiquité… par pure opposition à la Monarchie d’ailleurs…



Mais on voit tout de suite que, sans la cosmogonie détaillée, la symbolique et les explications de la Danse des Rubans disparaissent : la danse communautaire* et ses “figures” font alors place aux danses de couples, interchangeables, comme vont le devenir les citoyens consommateurs qui n’ont plus désormais aucun “devoirs” envers leur communauté* mais seulement des “droits” ! Comment purent-ils adopter cette ineptie ?…



Après la Restauration, les Arbres de Mai renaissent un peu mais, hormis en Provence, ils ont perdu l’essentiel. Leur souvenir vague servira à honorer le majores (cf. art. Aristo*) de son canton : le Conseiller qui vient d’être élu, et le Mai, “Tannemaie” en Alsace, sera planté dans sa cour en échange d’une collation et de force libations bruyantes à défaut d’être musicales ! Mais plus de Danse des Rubans : “on a les tristes fêtes qu’on peut quand on a perdu ses racines profondes !”…

         Cependant, un de ses aspects secondaire – temporellement – subsiste néanmoins avec le mât de cocagne° qui glorifie implicitement l’Abondance* à travers le jeu* (cf. art.) de grimpé et de cueillette des “Dons des Dieux” comme le figure cette gravure du XIXème siècle…



Il y a peu : un Musée d’Arts et Traditions Populaires qui s’adonne encore au Structuralisme* mondialiste à la moindre occasion4 – alors même que Claude Levi-Strauss prôna sur la fin de sa vie le réenracinement – une exposition sur le Mai ne nous montrait que des pointes d’arbres, fleuries ou enrubannées, celles que les jeunes gens disposaient encore au XXème siècle à la porte ou sur le toit de la ferme lorsqu’ils voulaient signifier à la jeune fille de la maison et à ses parents qu’ils désiraient la courtiser.
         Ne même pas se faire l’écho comme fonctionnaire de ce que savent et écrivent les “folkloristes de province” bénévoles a de quoi inquiéter grandement ! Ainsi, du mythe* primordial il ne resterait que ce résidu de rite* de troisième fonction* dite de fécondité – “fonction* dumézilienne” pas même nommée d’ailleurs – et représenté par ce “Mai aux filles” qui affichait aux yeux de tous une “Déclaration” qui se conclurait par les “accordailles” ?…

RÉSURGENCES


         Cependant, au travers de
la Chevalerie bien des choses perduraient, cachées dans l’Héraldique et ses Blasons* comme, par exemple, les “Meubles” Roc d’échiquier/ Irminsul, ou le Taf/ marteau de Thor, et la Rose/ rouelle ou la Croix° tordue du Bouclier normand nous transmettant le Svastika* sacré* des Vikings :

         

         Mais on sait que les Croisades avaient sciemment réglé la question : à peine si l’un ou l’autre des rares survivants sacrifiés ou trahis, parmi ces nobles indociles et turbulents, a ramené de là-bas la “Croix de Jérusalem”… déjà présente en 4000 AEC sur un vase de Reichstett en Alsace, ou celle de Malte qui était déjà sur les bijoux celtiques en 600 AEC, comme la Fleur de Lys Irminsul d’ailleurs !
         Cela, tout un chacun peut le voir au Musée des Antiquités Nationales de Saint-Germain-en-Laye ou sur n’importe quelle rose des vents d'une carte un peu ancienne comme celles illustrant les Portulans…



     Mais le port du blason n’était pas privilège de noblesse gardienne des traditions : les corporations des francs maçons/ libres bâtisseurs de cathédrales, et les trouvères firent beaucoup mieux que l’aristocratie* versaillaise pour sauver l’Ancienne Coutume” et les valeurs profondes de nos “nations”.



Les Corporations ont conservé la Danse des Rubans – présentée ici par le groupe folklorique d’Arles, lo Balaïre Arlaten – en la cachant derrière une danse de métier des Cordeliers pour la protéger, comme elles ont gardé les Runes* sur les pierres et les poutres des cathédrales et sur leurs outils et, ainsi, elle est devenue la Danse des Cordelles. Mais que sont devenues ses anciennes paroles ? Dommage : elles ne pouvaient qu’avoir un sens des plus édifiant !

       


En Bavière, des Arbres de Mai gigantesques portent les silhouettes des métiers et sont conservés une quinzaine d’années. A Oberstdorf en Allgaü, il y a une très intéressante fête quinquennale millésimée en cinq et dix dans laquelle des WildeMännele présentent les hommes lichens de l’hiver qui ne veut pas partir, les “noirauds” de nos folklores, mais ces Hommes Sauvages* (cf. art. Blasons*) en disent bien plus encore en portant des panneaux de verdure runiques qui se conjuguent en finale pour figurer une tête de Thor le dieu récurrent : nous reverrons aussi cela…
         On retrouve aussi ces “hommes lichen” au Musée de Moravie à Brno (Bratislava). Ne vous rappellent-ils pas les Grées, “les grises” qui donnèrent leur nom aux Grecs ? Ils sont à l’origine des Masques° de nos Carnavals printaniers…

Les Maçons* pourtant fort portés au début sur le symbolisme qui leur venait (soit disant) des Templiers* et des Corporations de libres bâtisseurs de cathédrales, ont oublié les rites “écossais anciens”, les origines philistines d’Hiram, et les origines pélasges de leurs modèles égyptiens… 
         Ils ont abandonné la Culture traditionnelle européenne pour un « syncrétisme de paravent et des mystères de pacotille » (E.D.) qui ont pour but d’impressionner et mystifier leurs impétrants sans contenir la moindre référence à leur pourtant fort ancienne et fort signifiante culture maternelle…

         Plus grave : « certaines obédiences (“obéissance”) ont abandonné le Spéculatif pour l’Opératif… “politique”, prenant ainsi le risque de renier l’idéal affiché de “démocrates” et d’être accusé de complot, d’idéologie, de mondialisme, de “représentants du Gros Argent”, et même de vouloir installer le règne de Big Brother (“1984”) » Euphronios Delphyné.
         Cela étant, leur “idéal d’amélioration de l’homme” ainsi que la “Vérité de la culture des peuples” s’effaceraient ainsi devant les moyens de la conquête du pouvoir par une minorité financière5, une "mafia". C’est habituellement ainsi que tout dégénère !

         Mais il n’en fut pas toujours et partout ainsi : par exemple Mozart, qui les suivit un temps sous la pression d son père et de son ami Haende,l fut un témoin impartial des connaissances “philosophiques” et des fêtes* communautaires* de son temps :


Couverture du livret original de la Flûte enchantée en 1791


         D’ailleurs, La Flûte* Enchantée au livret de laquelle il avait collaboré gagne beaucoup à être revue
dans son esprit de Fête du Ier Mai : l’Homme Vert/ le “feuillu” ; le Papegay qui comprend le “langage des oiseaux” comme Siegfried ; le Dragon* diluvien/ Wurm qui s'agite sur la scène ; la Reine de la Nuit/ Di-ana ; et la Lumière/ Luce et Di-Wia…
         Pour le reste, on y trouve un Wotan* devenu le Grand Maître de Loge Zoroastre (ce qui est le moins pour un Thuler/ initié*) – car il leur faut toujours de l'Orient et du manichéisme – mais aussi de la trifonctionnalité dégradée : l’idée d’une initiation* par niveau de classe sociale – c’est le mal de l’époque  le tout avec un petit décor de circonstances, le Maure après la grande peur des Viennois devant la poussée impérialiste de l’Islam dans les Balkans !
         Puis on oublie tout, dans le concept flou de “Fraternité” grâce à la fête* finale, ce qui nous semble une conclusion – raccourcie par Mozart – à ce discours qui se voulait plus édifiant…



L’enfance de Mozart


         Cependant, Mozart fut un mauvais Frère : très indocile ! Trop libre, trop sensuel et trop créatif pour se laisser diriger, je devrais dire trop vrai, trop idéaliste concernant son Art, trop vif argent pour se laisser endoctriner : il avait déjà assez souffert professionnellement de son évêque. Il abandonna donc ses nouveaux protecteurs (si peu) ! Eux aussi l’abandonnèrent d’ailleurs… dans une fosse commune ! Ce qui prouve que, le devoir d’entr’aide n’étant plus respecté… il n’était plus à cette époque membre de l’obédience !

Les Romantiques*, écrivains, historiens, et musiciens, se sont intéressé aux mythes* et au folklore en voie de disparition et ont sauvé ce qui pouvait encore l’être. De même, les druidistes et les néo-païens nordicisants – malgré leurs excès évidents puisque nos pays sont peuplés de Celtes et de Germains de même ethnie et issus de la même Ancienne Culture – ont eu le mérite de remettre ces études à l’honneur après une période de totale occultation par l’exotique “histoire sainte” sous l’effet du diktat “Ex oriente lux” !

         Malheureusement, pendant cette période, les recherches étaient occultées chez nous puisque “réservées” au Moyen Orient : il fallait prouver les dires de l’Ancien Testament et ce totalitarisme culturel ne laissait plus guère de place – ni d’argent – pour la recherche de nos propres Antiquités…



Quant aux Orientalistes (d’Occident), ce n’est pas ce qu’il y avait de commun avec notre culture qui allait les intéresser – il y a pourtant matière à – mais l’exotique (c’est une mode) ! Plus c’est “déréalisant” – c’est le défaut du genre – et plus ça les excite : “Are Krishna” !…
         Heureusement nos chercheurs de la trifonctionnalité* y ont retrouvé un Panthéon identique, mais d’Arbre de Mai pas encore, quoique l’arbre cosmique soit omniprésent tout comme le combat des dieux dans la somptueuse Baghavad Gîta ! Encore que là, il faille la voir sans notre concept moral étroit de bien et de mal hérité du Christianisme, mais comme un combat de *Diew et de Daïmons, comme la fondation d’un nouvel Âge : ainsi en fut-il du Déluge* boréen ou Ragnarök/ Gigantomachie occidental !

La “Culture Populaire”, folk-lore, à laquelle il nous faut toujours faire confiance car, comme nous le rappelle le dicton :



…a conservé de nombreux morceaux épars de la Tradition, surtout dans ces régions de notre Vieille Europe qui ont été influencées plus tardivement par l’Église* conquérante et niveleuse.

Citons, parmi bien d'autres, et sans souci d’exhaustivité :


-
La Provence à nouveau, qui a conservé une Danse des Cordelles avec mât sans couronne, et une Danse des Rubans sans Mai : je vous laisse imaginer les disputes de spécialistes sur leurs différences, tout au moins tant qu’ils n’auront pas lu notre étude qui est ainsi un hommage à tous nos amis folkloristes précurseurs !

-
La Bigorre et sa danse El Baïle de Cintas avec une couronne cerceau tenue par un danseur en place d’Arbre de Mai…

-
La Catalogne Roussillon qui a une danse dans laquelle le mât est un danseur géant et la couronne un ruban reliant les danseurs l’un à l’autre : dans le genre genre Roue à 8 ou 16 rayons, c’est tout aussi intéressant (cf. art. Astro* I) !

-
La Bretagne où l’Arbre de Mai n’est plus qu’un Mai aux Filles couvert de fleurs multicolores, mais avec une bien jolie danse comme ils savent si bien le faire!

-
L’Irlande ou cette fête a une valeur toute particulière car les Tuatha de Danaan y débarquèrent et allumèrent leur premier “feu de fondation” en brûlant leurs vaisseaux devant Loch Garman un Ier Mai (cf. art. Blasons*) !

-
L’Angleterre qui a conservé des Arbres de Mai très purs et qui sont souvent champions de hauteur en atteignant 45 mètres ! Étonnant, non ?



-
La Roumanie, la Bohème, la Slovaquie, la Pologne, la Lituanie, la Suède et la Hongrie – dont nous voyons ci-dessus le groupe aux fêtes de la vigne de Dijon – ont conservé un Arbre de Mai très complet…

En un mot : partout en Europe du Centre et du Nord, cela s’est bien conservé comme folklore°…

Quand au sens réel de ce rite*, ceci est une autre histoire!
Mais c’est celle que nous tentons de vous conter ici…



Photo prise dans un stage d’initiation
aux Danses de Mai organisé par l’auteur

* Remarque :


         Rappelons que les justifications de cette thèse se trouvent dans la deuxième partie, “Lexique et Florilège”, de la seconde partie de cette étude sur Les Origines de l’Arbre de Mai que nous avons nommée
Les Sources, avec un clin d’œil à l’anthropogonie nordique qui nous fait descendre des… Thurses du givre. Vous retrouverez l’ensemble de ces justifications sous forme d’articles séparés traitants de tous les termes suivis d’un astérisque*. Les termes suivis d’un° sont traités dans l’ouvrage en sous chapitres.

         Vous trouverez aussi une Bibliographie étendue et la Conclusion Générale de cette étude qui, nous l’espérons, aura su vous intéresser…



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